Aline : 'Je bois et puis je danse', la pop romantique au bout du tunnel

Avec la poignée de clous qu'ils ont prise dans les pneus, on aurait pu craindre la sortie de route. Mais, sans crier (au scandale), Aline revient en lieu et place des Young Michelin, crevés par décision de justice l'an dernier, après avoir remporté en 2010 le tremplin CQFD des Inrocks, suite au recours d'un fameux équipementier-bibendum qui refusait le covoiturage.

Pourtant, plutôt que les comparaisons avec le roi clermontois du pneu, les Young Michelin attiraient celles, bien plus flatteuses et plus à propos, avec quelques jolis noms de la musique (très) anglo-saxonne, dont The Smiths (de Some girls are bigger than others à Elle m'oubliera, la filiation s'impose), pour le travail mélodique et le jeu de guitares claires rappelant l'oeuvre de Morrissey et Johnny Marr, et, derrière cette marque phare de l'indie pop, des protagonistes du mouvement C86 (The Pastels) et quelques protégés du label expert en la matière dans les années 1990, Sarah Records, particulièrement The Wake ou Another Sunny Day. Sauf que sa contribution à la "twee pop" (la pop dite "mignonne"), Aline (désormais ex-Young Michelin) l'a apportée en français - contrairement à un autre illustre représentant frenchy du genre : Belle and Sebastian. Et continue de le faire.

On n'a évidemment pas oublié Les Copains, cet instrumental fait pour échapper au temps, déjà obsédé par la "ligne claire", que Romain Guerret et ses complices nous ont laissés la première fois, emblème majeur en mode mineur d'une pop romantique pleine de guitares qu'on aurait pu croire désuète si elle n'avait pas été pas si bien faite. Et puis, Deux Hirondelles ont fait le printemps : Aline est arrivé/revenu avec ce premier titre extrait d'un EP à paraître le 14 mai 2012 (téléchargement et vinyle), annonciateur d'un album à suivre, réalisé par Jean-Louis Piérot (Les Valentins, collaborateur de Daho, Miossec et Bashung). Un album sur lequel figureront des chansons qui "racontent des histoires, d'amour, de rupture, de désillusion, de fuite du temps, d'innocence perdue", "sombres puis solaires". "Le noir, le gris, le bleu puis le blanc, éblouissant. Là au bout du tunnel, Aline", annonce l'argumentaire de ce renouveau.

Et après Deux Hirondelles, tendre envol électrique inspiré par deux muses exceptionnelles (les filles de Romain Guerret, héroïnes du clip réalisé pour présenter le morceau), Aline dévoilait il y a quelques heures Je bois et puis je danse, conte d'une drague du dancing connoté eighties, délicieuse fail story où le flirt préparé devant la glace échoue lamentablement mais l'ivresse triomphe - le tout illustré par des images du combat et de la victoire mythiques de Mohamed Ali (sa dernière rencontre en tant que Cassius Clay) contre le champion du monde Sonny Liston en 1964 - un autre type de danse. En attendant peut-être un clip moins métaphorique, puisqu'un teaser éméché révélé précédemment jouait sur les codes "soirée picole" en détournant avec humour le titre Je bois et puis je danse (voir dans notre player).

G.J.

Aline en concert à La Maroquinerie le 11 juin et au Midi Festival le 28 juillet 2012. Plus d'infos sur le site officiel d'Aline.