

Dix-neuf ans. Dix-neuf ans que le Nigeria attendait ça. En battant ce dimanche 10 février à Johannesburg le Burkina Faso sur le plus petit des scores (1-0), les hommes de Stephen Keshi ont offert au Nigeria un titre de champion d'Afrique qui les fuyait depuis 1994. Toujours placés mais jamais titrés depuis des années lors des précédentes éditions de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN), les Super Eagles planent à nouveau sur le continent africain.
Pourtant, l'affaire était mal embarquée. Avant même le début de la compétition, le sélectionneur Stephen Keshi était la cible des médias et de la population. Son erreur ? Avoir évincé de sa liste quelques-unes des stars évoluant en Europe au profit de joueurs du championnat local. Décrié, remis en cause et au bord de l'éviction, l'ancien joueur allait pourtant faire fi des vents contraires. La joie et l'émotion qui régnaient sur la pelouse du Soccer City Stadium en disaient d'ailleurs long sur le soulagement que l'on sentait poindre du côté des hommes au maillot vert.
La joie des joueurs emmenés par Obi Mikel, star de Chelsea et du buteur Sunday Mba, étoile montante du Enyimba FC et incarnation de la philosophie du sélectionneur, s'est rapidement propagée aux tribunes colorées, où les milliers de supporters nigérians s'étaient massés, chantant, dansant et exultant. Au terme d'un match ouvert, dominé par le Nigeria qui avait déjà rencontré le Burkina Faso pour son premier match de la compétition (conclu sur le score de 1-1), les Super Eagles s'offraient ainsi leur troisième trophée dans la compétition, permettant à leur coach d'entrer dans la légende en devenant le second entraîneur à décrocher le titre en tant que joueur et technicien.
Une joie et un enthousiasme bien légitimes donc pour cette équipe de jeunes loups, un temps cible des critiques et aux débuts plus que difficiles :"Dire qu'après mon premier match on m'a dit qu'il allait me virer... Il faut de la patience en Afrique, de la continuité. C'est pour ça que j'applaudis en entendant que l'Afrique du Sud a conservé son entraîneur, voilà le chemin à suivre. Chez nous, on te donne l'équipe, c'est comme si on te faisait une faveur et tu dois être champion du monde. Il faut nous laisser du temps pour travailler."
La fête, grandiose sur le terrain au coup de sifflet final, s'est poursuivie dans les vestiaires et jusque tard dans la nuit. Un vestiaire où s'était invité Marcel Desailly, venu partager quelques moments de bonheur au milieu de la liesse...

