Il était une fois le cinéma muet et l'Âge d'or hollywoodien. À une époque où les paroles étaient absentes de la pellicule, les yeux représentaient un trésor inestimable, seule et unique manière pour les actrices d'exister. Parmi les stars de cette époque révolue car avalée par la modernité, le cinéma se rappelle Louise Brooks, Greta Garbo et Joan Crawford, inoubliables étoiles du septième art.
L'Indomptable
Restée dans les mémoires pour son carré reconnaissable entre mille, Louise Brooks a été révélée dans Une fille dans chaque port (1928) de Howard Hawks puis Les Mendiants de la vie (1928). Très remarquée, elle décide de tourner le dos à Hollywood pour travailler avec l'Allemand G.W. Pabst. Considérée comme terminée, la carrière de Louise Brooks explose pourtant avec Loulou (1929) où elle incarne une femme consumée par l'amour et le désir. Noirs et controversés, Le Journal d'une fille perdue (1929) et Prix de beauté (1930) du Français Augusto Genina déchaînent la censure.
Résolument moderne et affranchie des conventions, Louise Brooks est considérée comme l'une des actrices les plus modernes du muet. Revenue à Hollywood, elle décide finalement de quitter le cinéma lorsque les studios hollywoodiens la relèguent aux séries B pour la punir.
La Divine
Née en Suède en 1905, Greta Lovisa Gustafsson devient Garbo avant d'être avalée par Hollywood. Métamorphosée en femme fatale, elle monopolise l'attention en quelques années et décroche le contrat le plus lucratif de l'époque avec la MGM.
Connue pour ses rôles muets dans Le Torrent (1926), La Tentatrice (1926) et La Chair et le Diable (1927), Greta Garbo est l'une des rares stars qui survivra au parlant. Le public entend sa voix pour la première fois dans Anna Christie (1930) après avoir lu sur l'affiche "Garbo parle !". Au sommet de la chaîne alimentaire, elle décide de prendre le contrôle de sa carrière d'une manière unique, limitant au maximum la promotion, la publicité et les apparitions publiques. Parmi ses performances mémorables, Le Roman de Marguerite Gautier (1937). Quatre ans plus tard, elle abandonne sa carrière, déçue par l'accueil réservé à La Femme aux deux visages (1941).
L'Icône
Charmante figurante des écuries MGM, Lucille Fay LeSueur rivalise d'ambition pour monter en haut du podium. Renommée Joan Crawford après un sondage publié dans la presse, elle écume les films muets avant d'exploser dans Les Nouvelles Vierges (1928). Entrée dans la machine, elle est métamorphosée à la demande du producteur-star Louis B. Mayer à coup de chirurgie esthétique et régimes stricts. Forgée par Hollywood, Joan Crawford devient une star irrévéencieuse, associée aux yeux surmaquillés et aux lèvres charnues.
Indomptée (1929) lui permet de passer le cap du parlant mais lorsque le succès disparaît, elle est remerciée par la MGM. Enrôlée par la Warner comme rivale de Bette Davis, elle revient au sommet avec Le Roman de Mildred Pierce (1945) pour lequel elle est oscarisée. Johnny Guitare (1954) et Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (1962) perpétuent sa réputation de monstre du septième art au parcours monumental.
Louise Brooks, Greta Garbo et Joan Crawford : trois étoiles du cinéma éteintes, vestiges d'une autre époque où les stars étaient forgées de gré ou de force. Les années sont passées, Hollywood a changé, mais leur lumière, elle, ne devrait pas disparaître de sitôt.