Héros du rugby sud-africain, qui souleva en 1995 la coupe Webb Ellis de champion du monde sous le regard de Nelson Mandela, Joost van der Westhuizen est mort à l'âge de 45 ans lundi 6 février 2017. Condamné, l'ancien demi de mêlée et capitaine des Springboks (1993-2003, 89 sélections, 190 points) se battait depuis 2011 contre la maladie de Charcot. Hospitalisé le 4 février en soins intensifs à Johannesburg et placé sous assistance respiratoire à la suite d'une brutale dégradation de son état, son combat inégal et sans espoir a pris fin chez lui, entouré de ses proches, à deux semaines de son 46e anniversaire...
Intronisé en 2007, quatre ans après sa retraite sportive, au Hall of Fame de l'ovalie, Joost van der Westhuizen avait éprouvé fin 2008 les premiers signes de la maladie neurodégénérative – une pathologie incurable qui conduit progressivement à la paralysie totale et à la mort –, ressentant alors une faiblesse dans le bras droit. Séquelle, pensa-t-il à l'époque, d'une ancienne blessure. Mais, quelques mois plus tard, le symptôme se manifeste à nouveau alors qu'il chahute avec un ami qui se trouve être son médecin, comme il le relate sur le site de la J9 Foundation qu'il a créée. Ce dernier soupçonne un trouble neuromoteur. En 2011, le diagnostic tombe : l'ancien joueur mythique des Blue Bulls de Pretoria est atteint de la maladie de Charcot, son espérance de vie est estimée à deux à cinq ans.
Est-ce que je vais rester à la maison et m'éteindre lentement ?
De fait, c'est en 2013 un Joost van der Westhuizen déjà très abîmé par la maladie, en fauteuil roulant et peinant à s'exprimer, qui apparaît dans un reportage de BBC Sport : "Je réalise que chaque jour pourrait être mon dernier, confie-t-il au journaliste James Peacock. Il y a eu des hauts et des bas depuis le premier jour et je sais que je suis sur mon lit de mort à partir de maintenant. J'ai eu mes bons moments et mes mauvais moments, rien de plus. Je suis fermement convaincu qu'il y a une plus grande raison d'être dans ma vie et je suis très positif, très heureux." Jusqu'au bout, l'ex-rugbyman, qui participa à des études cliniques - notamment en 2014 à Boston -, aura été impliqué auprès de la J9 Foundation, association qu'il avait créée pour aider les patients atteints comme lui de maladies neurodégénératives et sensibiliser l'opinion. "Est-ce que je vais rester à la maison et m'éteindre lentement ou est-ce que je vais être aussi actif que possible et m'entourer de personnes positives ? Si c'est la croix que je dois porter pour aider les générations futures, alors je le ferai", avait-il déclaré après le diagnostic.
Joost laisse deux enfants, Jordan (13 ans) et Kylie (10 ans), des parents (Mariana et Gustav) et des frères (Pieter et Gustav) avec lesquels il a passé tout le temps qu'il a pu dans celui qui lui a été imparti... Son épouse la chanteuse Amor Vittone, qui l'avait quitté après une sordide affaire en 2009 (la diffusion d'une vidéo mettant en scène ses ébats sexuels avec une inconnue et le montrant en train de se droguer après laquelle il avait présenté des excuses publiques), était également à ses côtés dans son combat.
Sur Facebook, les Springboks ont rendu un bouleversant hommage à leur mythique capitaine, saluant tout particulièrement, outre ses accomplissements sportifs, la bravoure et la force morale avec lesquelles il a, sans se plaindre, accepté son destin tragique...
La Fondation J9, qui donnait des nouvelles de Joost - "notre Superman" - a confirmé la nouvelle de sa disparition et informé de la tenue d'une cérémonie commémorative publique vendredi 10 février.