Adulé et soutenu par les uns, critiqué et piétiné par les autres... A l'instar de Raymond Domenech en France, Diego Maradona divise dans son pays d'origine, l'Argentine.
Pour la classe populaire, Maradona est un vrai dieu : il incarne le rêve argentin, celui qui veut qu'un homme peut se coucher pauvre et se réveiller riche... Et pour cause, c'est dans les bidonvilles délabrés de Buenos Aires qu'il a grandi, avec pour seule eau courante celle de la pluie qui coulait des toits. Aujourd'hui, il représente l'une des fiertés du pays, notamment grâce au titre de champion du monde qu'il a ramené avec l'équipe d'Argentine en 1986.
Cependant, celui qui est surnommé dans son pays El pibe de oro (Le gamin en or) est qualifié par la bourgeoisie comme un drogué, flambeur, vulgaire, macho et irresponsable. "Vénérer cet homme, c'est abandonner une forme d'intelligence pour se noyer dans un infantilisme de masse", déplorait un psychanalyste argentin, pas fan du personnage.
Mais Diego Maradona n'est, lui non plus, pas vraiment tendre avec ses détracteurs. Personne n'a oublié, en octobre dernier, son dérapage en conférence de presse dans lequel il s'en prenait aux journalistes qui n'avaient pas cru en la qualification de sa formation pour la Coupe du Monde de football : "Je me souviendrai toujours de ceux qui n'ont pas cru en la sélection, et m'ont traité comme un moins que rien. Aujourd'hui nous sommes qualifiés, sans l'aide de personne. Je n'ai rien à faire de ce que disent ces journalistes. A ceux qui n'ont pas cru en moi, qu'ils viennent me la sucer et qu'ils continuent de me la sucer". Une déclaration qui lui aura valu deux mois de suspension par la Commission disciplinaire de FIFA, rappelle leMatin.ch.
Et avec le salaire qu'il touche, deux mois, ça représente un vrai manque à gagner : l'année dernière, l'entraîneur de l'équipe d'Argentine provoquait un tollé en augmentant sensiblement sa rémunération annuelle. La coquette somme de 1,2 million de dollars (1 000 000 d'euros) par an était avancée par la presse locale. Une revalorisation substantielle pour le poste, puisque ses prédécesseurs ne touchaient que 50 000 dollars par mois (600 000 dollars par an). Cela ne suffit pourtant pas à payer ses nombreuses dettes et plus particulièrement ce qu'il doit au fisc italien, qui lui a saisi ses boucles d'oreilles ... il y a quelques mois.
Hier après-midi, l'équipe d'Argentine montrait qu'elle avait la rage de vaincre dans le sang et remportait la bataille en gagnant son premier match de la compétition face au Nigéria (1-0). La formation de Maradona, qui arbore d'ailleurs une barbe depuis son opération de chirurgie plastique nécessaire après que son chien l'a mordu au visage en mars dernier - montre qu'elle n'est pas venue en Afrique du Sud pour repartir bredouille. El Pibe de oro se faisait d'ailleurs tatouer le prénom de son petit-fils , Benjamin, sur l'avant-bras à la veille de son départ pour le continent africain... Un porte-bonheur qui restera gravé à jamais. Maradona, un homme qui adore qu'on le déteste, capable du pire... comme du meilleur !
JO