Pet Shop Boys : Winner, l'autre hymne olympique et son clip transcendant

A peu de choses près, Winner, nouveau single du duo britannique culte Pet Shop Boys, aurait pu être l'hymne olympique des JO de Londres 2012 à la place du survitaminé Survival de Muse... Il est en réalité bien plus encore.

N'en déplaise au titre de leur prochain album, Elysium, annoncé pour le 17 septembre 2012, qui renvoie à la mythologie grecque et au paradis (Elysée, ou champs Elysées) réservé au royaume de Hadès aux héros défunts, les Pet Shop Boys sont bien vivants, et toujours aussi assidus à fournir au monde leur dance music british.

Le duo formé par le chanteur Neil Tennant, 58 ans, et le claviériste Chris Lowe, 52 ans, qui publiait en février dernier un album de B-sides des années 1996 à 2009, Format, ne perd pas la cadence : Elysium sera le onzième album studio du groupe en 26 ans, depuis Please (1986) et après Yes, sorti en 2009, année où le groupe recevait un Brit Award pour l'ensemble de son oeuvre. Plutôt légitime au vu du succès colossal des créateurs du tube West End Girls (chanson de la décade 1985-1994 en Grande-Bretagne, selon les votes de millions d'auditeurs de BBC Radio 2 en 2005), qui ont vendu plus de 100 millions d'albums dans le monde et talonnèrent Madonna, Janet Jackson et Donna Summer dans les charts Dance/Club aux Etats-Unis.

De vrais winners... Winner, c'est d'ailleurs le titre du premier single officiel d'Elysium, dévoilé en début de mois, et dont le clip a été révélé. Et là, changement de décor par rapport à Invisible, premier extrait très "ambient" d'Elysium qui avait créé le buzz en juin avec un clip signé de l'artiste/vidéaste californien Brian Bress, mettant en scène un bonhomme caméléon pris dans une toile changeante. Habitués à jouer la surprise, l'originalité, l'expression artistique ou le message choc dans leurs clips (celui d'Integral avait d'ailleurs été primé du Gold Cyber Lion à Cannes en 2008 dans la catégorie innovation interactive digitale), les Pet Shop Boys ont cette fois-ci reçu la contribution des London Rollergirls, sexy rollerwomen de la ligue de roller derby britannique, devant la caméra de Surrender Monkeys.

Winner aurait vraiment pu être l'hymne des JO, nul doute que le timing de sa révélation n'était pas innocent. Non content de mettre en exergue le meilleur de la signature musicale so british des Pet Shop Boys (sons analogiques, arrangements et harmonies vocales prenants), cette "inspirational song", élégiaque et qui prend au fil des mesures une ampleur transcendante, brûle de la flamme olympique et du dépassement de soi dans ses paroles : "This is the moment/We'll remember/Every dat for the rest of our lifes/Time may rush us/Hurt or love us/But on this day we have arrived (...) Let the ride just take us/Side by side and make us/See the world through new eyes every day/Your're a winner/I'm a winner/This is all happening so fast/You're a winner/I'm a winner." Ailleurs, la référence aux athlètes olympiques est encore moins déguisée : "It took us so long and we worked so hard/We came so far just to compete."

Ça, c'est le message au premier niveau de lecture. Mais Winner, comme la plupart des réalisations du groupe, va bien plus loin quant à la question de la réalisation de soi, et le clip est là pour encourager ce second niveau de lecture : en montrant comment un transsexuel intègre la troupe des London Rollergirls. On ne peut s'empêcher de rapprocher cette parabole des histoires vraies du sprinteur Oscar Pistorius et ses prothèses se battant pour avoir le droit de participer aux JO, de même que sa compatriote Caster Semenya, hermaphrodite et porte-drapeau de l'Afrique du Sud. Et on ne peut s'empêcher de réfléchir sur l'impact social du sport lors d'un événement tels que les Jeux olympiques, devant ce touchant portrait d'un autre type de winner, loin de l'effervescence des JO.

G.J.