Mercredi 6 février, la plus belle avenue au monde accueille la très attendue avant-première du film Les Misérables, comédie musicale de Tom Hooper qui revient sur les terres natales de la version écrite par Alain Boublil et Claude-Michel-Schönberg d'après l'oeuvre de Victor Hugo. Au côtés des acteurs Anne Hathaway, Eddie Redmayne et du réalisateur Tom Hooper, les créateurs et producteurs franco-britanniques (Sir Cameron Mackintosh, Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg) se sont confiés au micro de Purepeople.com.
Les Misérables, une comédie musicale française
Officiellement vendue comme l'adaptation de la comédie musicale à succès de Broadway Les Misérables, le show est bien originaire de France. A la fin des années 1970, Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg – ex-mari de Béatrice Schönberg – se réunissent pour écrire Les Misérables sous la forme d'une comédie musicale qui sera mise en scène par Robert Hossein. Alors que le spectacle connaît un immense succès au Palais des Sports, Cameron Mackintosh entre dans la danse : "J'ai entendu la version spectacle du Palais des Sports, plus l'album-concept et j'étais très excité à l'écoute. Je suis donc venu à Paris pour proposer une réécriture en vue de le mettre sur scène à Londres. Ça m'a pris trois ans, c'était une incroyable aventure" qui se poursuit aujourd'hui puisque Sir Cameron Mackintosh est le producteur de l'adaptation cinématographique.
Chanter en live
"Chanter en live fut clairement le véritable challenge", avoue une magnifique et radieuse Anne Hathaway à notre micro. Pour Tom Hooper, réalisateur du film oscarisé pour Le Discours d'un roi, on ne "pouvait envisager le play-back sur un tel projet". "Je me sens très embarrassé quand j'entends du play-back dans un film, ça ne sonne pas juste", explique-t-il, savourant cette sensation de ne pas avoir le "contrôle des émotions et de la liberté".
Des personnages intemporels
"Victor Hugo a écrit une histoire intemporelle, avec des personnages intemporels qui peuvent toucher n'importe qui sur cette Terre. Il n'y a pas de frontières qui puissent empêcher cela", avoue le producteur britannique Cameron Mackintosh. Un credo qui correspond inévitablement au personnage d'Anne Hathaway, Fantine, contrainte de se prostituer pour subvenir à ses besoins et à celle de sa fille, Cosette, que le père a abandonnée. Sur le tournage, Anne Hathaway était "quotidiennement confronté à la tristesse des circonstances de sa vie" que l'actrice n'hésite pas à comparer aux circonstances qui "concernent des millions de gens, particulièrement les femmes d'aujourd'hui". Pour Eddie Redmayne, qui campe Marius dont le coeur bat pour Cosette (Amanda Seyfried), c'est le romantisme à grande échelle qui le concerne : "Oui, je crois être romantique [comme Marius], mais je ne crois pas être aussi politiquement engagé. En revanche, je crois aux premiers signes de l'amour et aux gestes romantiques que l'on peut faire pour une personne qu'on aime", confie l'acteur britannique.
Le réalisme d'un spectacle sur mesure
Comme nous l'affirme Eddie Redmayne, "Tom [Hooper] a refusé les CGI [décors numériques, NDLR] et préféré construire un maximum de décors", ce qui explique la rareté des plans très larges. "Il a recréé ces grandes rues parisiennes, ça faisait donc très réel et on n'avait pas l'impression de jouer", confie celui qui avait expérimenté quelques mois plus tôt l'impressionnant tournage des Piliers de la Terre. "J'ai voulu explorer la force émotionnelle du musical après Le Discours d'un roi", nous confie Tom Hooper. Il faut pourtant revenir près de quarante ans en arrière pour comprendre les origines du spectacle, lorsque Alain Boublil découvre à Londres le spectacle Oliver qui lui "rappelle Gavroche", puis de fil en aiguille, "les autres personnages de l'oeuvre de Victor Hugo". Ainsi va naître "une comédie musicale d'ordre opératique, chantée du début à la fin", concept qui survivra jusqu'à la version cinéma, également très proche de l'opéra comptant un nombre de dialogues infimes.
Le retour d'un classique
Plus que la comédie musicale, pour Alain Boublil, "c'est le retour à la mode du roman dans tous les pays où la comédie musicale a été jouée". Avec "l'impression d'être des passeurs", Alain Boublil croit avoir donné une seconde vie au classique littéraire de Victor Hugo, "probablement que le succès du roman a retrouvé un développement complètement nouveau depuis la comédie musicale". Selon Claude-Michel Schönberg, Victor Hugo a dit "la musique exprime ce que les mots et les silences ne peuvent pas exprimer". Ce qui résumerait bien la raison de vivre des Misérables en comédie musicale aujourd'hui.