La villa de Charles Trenet, perchée sur les hauteurs d'Antibes-Juan-les-Pins, devait être vendue aux enchères ce jeudi matin par le tribunal d'instance de Grasse. Malheureusement, aucun acquéreur ne s'est présenté et le président du tribunal a dû déclarer "la vente aux enchères déserte."
Cette superbe demeure a été dessinée par le chanteur lui-même et le chantier fut mis en oeuvre par le célèbre Le Corbusier. Sa mise à prix était de 1,5 million d'euros, mais l'état lamentable de la maison et de son jardin décourage depuis plusieurs mois les acheteurs potentiels.
À la mort de Trenet en février 2001, le secrétaire et ami de l'artiste depuis 20 ans, Georges El Assidi, devient son légataire universel. Il hérite notamment du Paquebot que lui a saisi des années plus tard la banque privée 1818 en gage de divers emprunts contractés. Il faut savoir qu'El Assidi avait confié à la société danoise Nest, toute la gestion de ses droits et notamment le répertoire du chanteur. L'ancien secrétaire particulier est aujourd'hui en procès avec Nest qu'il estime responsable de sa ruine.
En novembre 2009, la maison est une première fois mise en vente par la banque 1818. Une première offre à hauteur de 1 510 000 euros est faite par le paparazzo Jean-Claude Elfassi. Le Fonds de dotation pour la mémoire de Charles Trenet, qui veille sur la postérité du chanteur, a surenchéri, offrant 1 661 000 euros grâce à un généreux don de Florian Lang (président-fondateur de l'agence Kassius, responsable de campagnes pour, entre autres, 118 218 et Meetic, et rachetée en 2008 par Y&R). Mais ce dernier n'a jamais payé, on peut considérer que ce fût de sa part, une manoeuvre (plus ou moins légale ?) pour que la vente ne se fasse pas.
En février 2011, la maison est de nouveau mise aux enchères, mais déjà aucun acquéreur ne s'était présenté au tribunal de Grasse.
Aujourd'hui, la banque 1818 fait part de son intention de remettre en état le Paquebot chéri de Charles Trenet en commençant par en expulser les occupants actuels, le Fonds pour la mémoire de Charles Trenet, qui bénéficierait d'un bail dont les loyers ont été payés jusqu'en 2016 ce que dément George El Assidi. L'héritier a porté plainte pour "délit d'entrave aux enchères".
Pour compliquer le tout, sachez que le testament en faveur de George El Assidi est contesté par Wulfran et Lucienne Trenet, le neveu et la demi-soeur du chanteur. Ils réclament - dans des conditions obscures - son annulation. Le tribunal de grande instance de Créteil a repoussé au 21 juin l'examen de cette demande.
Une lueur positive dans ce capharnaüm qui entoure l'héritage, la chanson inédite pour la réélection de François Mitterrand en 1988 que Trenet avait offerte à un jeune admirateur, Thierry Guillo, vient d'être confiée par ce dernier à aux éditions Raoul Breton et à Charles Aznavour, qui défendent le patrimoine culturel des chansons du Fou chantant.