A quelques jours du lancement officiel du Festival de Cannes, où elle viendra présenter en ouverture ce 17 mai le nouveau film d'Arnaud Desplechin Les Fantômes d'Ismaël, Charlotte Gainsbourg s'est entretenue dans les colonnes de M Le Magazine du Monde pour évoquer sa carrière, son image d'éternelle icône jeunesse ou bien encore sa relation avec son père, Serge Gainsbourg.
En 1986, soit deux ans après la première parution du titre Lemon Incest, le duo père-fille avait collaboré ensemble pour l'enregistrement de l'album Charlotte For Ever, puis pour le film du même nom qui traite du rapport entre une adolescente et son père alcoolique, le tout dans une atmosphère incestueuse. L'actrice et chanteuse était alors âgée de 15 ans. A l'époque, le long métrage avait évidemment fait grand bruit tant le parallèle entre le scénario et la relation du binôme provoquait la gêne et la confusion.
J'ai eu tellement de mal à me faire une vie
Plus de trente ans plus tard, la compagne d'Yvan Attal s'est donc remémoré cette collaboration pas comme les autres. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle ne garde pas que des bons souvenirs de son père sur ce tournage. "Il me faisait aller trop loin, faire des choses qui me gênaient. C'était difficile. Je faisais la tête sur les couvertures de journaux, je ne voulais faire aucun effort, c'était ma manière de me préserver. Il ne comprenait pas que ça ne me plaise pas alors qu'il achetait les journaux pour voir si on parlait de lui. Nous avons vécu ensemble le temps du tournage. C'était compliqué, j'aime mon père plus que tout, mais j'ai eu tellement de mal à me faire une vie. Il était saoul en permanence, c'est éprouvant à vivre pour une enfant. En public, c'était difficile. Je me transformais en flic sur le tournage, je guettais les écarts", a-t-elle déclaré.
Avant cela, la fille de Jane Birkin expliquait que son père l'avait longuement briefée sur la façon de se tenir devant un objectif, sur la manière dont elle devait s'exprimer devant la caméra, "ou à mettre une main dans sa poche en sortant l'autre", écrit M Le Magazine du Monde. "De vrais diktats. Il avait tellement étudié sa propre image. Ma mère avait été la première à poser un regard sur lui en lui expliquant qu'il était plus beau avec une barbe de deux jours, des cheveux plus longs, surtout pas coupés derrière les oreilles comme auparavant. Il avait tellement souffert, jeune, d'une prétendue laideur. Les femmes le trouvaient, semble-t-il, excessivement laid. Une fois qu'il a trouvé un uniforme – je tends moi aussi à chercher des uniformes –, il avait établi une manière d'être", a-t-elle conclu.
Retrouvez l'intégralité du portrait consacré à Charlotte Gainsbourg dans M Le Magazine du Monde, en kiosques le 12 mai 2017