Drew Barrymore sublime en clip la love story tragique de la lolita Chloe Moretz

Pour avoir été pendant cinq ans la girlfriend d'un certain Fabrizio Moretti, batteur d'un des groupes les plus essentiels au rock des années 2000 - The Strokes -, Drew Barrymore, qui compte parmi les stars hollywoodiennes les plus rock n'roll, connaît la chanson.

Et non contente d'avoir signé en 2009 des débuts de réalisatrice très enthousiasmants en dirigeant Ellen Page en rollergirl dans Whip it, la drôle de dame qui jouait avec E.T. étant gamine s'est mue en réalisatrice de clip.

Revival, tu nous tiens !

Avec un parcours aussi hétéroclite et une personnalité aussi atypique que Drew Barrymore, il ne fallait pas s'attendre à la voir servir la cause d'une marque consensuelle : et de fait, la comédienne de 36 ans franchit la frontière, de plus en plus mince, entre septième et quatrième arts pour le compte de Best Coast, nouvelle figure de proue du son lo-fi de Los Angeles, qui fait sensation en ressuscitant depuis deux ans la vibration garage rock mâtinée de surf music des années 1960. Un esprit revival que Drew Barrymore ne trahit pas, loin de là, dans sa contribution...

Mené par la très charismatique et presque trop anachronique pour être vraie Bethany Consentino, le trio de la Cité des Anges (complété par Bobb Bruno et l'ex-Vivian Girls Ali Koehler à la batterie) a fait souffler un vent décoiffant de sixties sur l'été californien en 2010 avec son premier album, Crazy for you, amorcé par le single Boyfriend sur lequel flasha la revue de référence de l'indie, Pitchfork.

A la réverb', aux voix et aux guitares savoureusement datées des morceaux de l'album s'ajoute le goût délicieusement désuet des clips, qui respirent l'ambiance open air de l'âge d'or du surf rock, la lazy attitude tout en paresse mélodieuse, et offrent une image grainée, qu'il s'agisse de la garden party nuptiale pré-hippie de Boyfriend, de la dégustation bucolique de hamburgers sur la plage avec Ronald McDonald's himself dans When I'm with you, ou encore l'ambiance de plateau télé très coloré des sixties avec des chats sous weed de Crazy for you (trois clips que nous vous proposons de découvrir)...

La lolita Chloe Moretz et le nouveau Taylor Lautner dans une love story à la Grease !

Et Drew Barrymore a indéniablement fait sienne cette signature vintage. Dès les premières images du clip de Our deal, nouveau single de Best Coast, on repère aisément une influence globalement Grease, amalgame seventies d'une trame universelle - de West Side Story à Romeo et Juliette -, en découvrant deux gangs rivaux qui règnent sur la rue, l'un le jour (Day Trotters), l'autre la nuit (Night Creepers).

Deux gangs au sein desquels naît, malgré la rivalité, une romance entre Veronica et Lucky, deux gangs au sein desquels on reconnaît quelques spécimens remarquables de la nouvelle garde d'Hollywood ! Avec Drew Barrymore derrière la caméra, on était effectivement en droit d'attendre un grand casting devant : en tête d'affiche, la superbe Chloe Moretz, 14 ans, éclatante Hit-Girl dans Kick-Ass et vampire à croquer dans Let me in, qui devient ici la lolita aux yeux charbonneux Veronica, et Tyler Posey, 19 ans, qui a gagné ses galons de futur Taylor Lautner avec son rôle d'ado mordu par un loup-garou dans Teen Wolf (MTV) et se retrouve affublé de la fameuse banane John Travolta so "fifties revues par les seventies" pour incarner Lucky dans ce clip. On repère également le mignon produit Disney Miranda Cosgrove (iCarly), 18 ans, transformée en bad girl from the streets du gang des Night Creepers au côté d'Alia Shawkat (Arrested Development), face aux Day Trotters de Donald Glover (de la sitcom Community), doyen de la bande du haut de ses 27 ans.

Comme il se doit, la fin d'Our deal, clip "in love and war", est éminemment tragique. Drew Barrymore, dont le personnage avait un don sensationnel pour le songwriting dans la romcom Music & Lyrics, laisse ici s'exprimer son âme de dramaturge.

Une agiteuse lo-fi, une actrice-cinéaste HD, associées pour un court métrage musical immanquable entre revival et new generation. Si ce n'était pas aussi parfait, on réclamerait même une suite.

Guillaume Joffroy