À 17 ans, Agnès Soral décroche son premier rôle au cinéma dans Un moment d'égarement, réalisé par Claude Berri (1977), dans lequel elle incarne une jeune fille qui séduit l'ami de son père. Six ans plus tard, elle est une jeune punk fragile dans Tchao Pantin du même réalisateur. La comédienne s'est fait un nom. Son patronyme prend une autre couleur quand son frère, l'essayiste Alain Soral, devient une figure de l'idéologie d'extrême droite. Dans son livre Frangin, elle tente de comprendre ce qui la fait dériver.
"Voir mon frère devenir un leader d'extrême droite a été une véritable souffrance. (...) Je ne dormais plus", raconte la comédienne de 54 ans en interview dans Elle. Mais si elle ne cherche pas, ni à régler ses comptes avec celui qui a sali son nom avec ses propos haineux ni à lui trouver des excuses en écrivant son livre, elle tente de donner des éléments de compréhension : "Notre père était un être violent, tyrannique, qui nous humiliait, particulièrement Alain." Vingt mois les séparent, et elle confie qu'enfants, ils étaient très complices et partageaient la même chambre, qu'elle lui a ensuite fait connaître le monde du spectacle.
Durant l'enfance toutefois, le grand frère a fait preuve d'une jalousie violente à l'égard de sa cadette, mais Agnès Soral ne parvient pas à trouver dans leur passé des traces de ce qui aurait pu l'amener à ce qu'il est devenu. Ici Paris cite les bagarres auxquelles l'actrice a fait face et qu'elle décrit dans son ouvrage : "J'avais 3 ans, il s'est assis dans le bain, sur moi, parce qu'il voulait ma place, puis, vers 6 ans, il a essayé de me noyer dans le petit bain de la piscine municipale. (...) Il m'attaquait en pleine nuit, m'étouffait sous l'oreiller."
En 2006, son frère coupe les ponts avec Agnès et le reste de sa famille, peut-être pour trouver le bonheur ailleurs ; la comédienne n'est toutefois pas certaine qu'il l'ait trouvé. En tout cas, en écrivant son livre, elle a découvert qu'elle ressentait toujours de l'amour pour lui : "Je ne savais pas qu'il m'en restait autant pour [lui]."
Mais une question se pose : pourquoi, alors qu'ils ont vécu la même enfance, Agnès n'a-t-elle pas suivi le chemin d'Alain ? "Oui, mais mon égocentrisme m'a sauvée", écrit-elle dans son livre. Ici Paris ajoute également : "Ses huit années de psychanalyse sans doute beaucoup, aussi."
Frangin, d'Agnès Soral aux éditions Michel Lafon.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Elle du 20 mars