"Je ne vais pas vous parler beaucoup, juste quelques minutes. Je ne veux pas déflorer mon prochain livre", nous prévient gentiment Philippe Risoli avant de débuter notre entretien. Une heure plus tard, l’animateur culte du Millionnaire et du Juste Prix, évincé en pleine gloire, évoque encore avec un plaisir non dissimulé son quotidien de retraité très actif, ses passions, mais aussi sa vie de mari, de père et de grand-père comblé.
Purepeople : Vous fêtez ce 9 septembre vos 72 ans, vous coulez une paisible retraite ?
Philippe Risoli : Paisible mais active. Pas plus tard qu’il y a 10 minutes, j’ai envoyé à mon éditeur le manuscrit de mon prochain livre. En 2023, j’avais écrit, Dites bien à mon fils que je l’aime (Editions de l'Archipel). J’y racontais l’importance de ce qui nous précède, de la famille qui vous voit naître et qui vous aide à devenir adulte. Je m’arrêtais à l’instant où j’apprenais mon engagement sur Canal+, ma première chaîne de télé. Mon éditeur et certains lecteurs m’ont dit : "Il faut la suite". Elle arrivera au printemps. Ce nouveau livre retrace toute ma carrière : télévision, théâtre, musique, les rencontres… Il est précis, car je tiens des carnets depuis 40 ans. Je sais exactement avec qui j’ai déjeuné le 22 janvier 1988...
La télé, la radio, c’est fini ?
Dans ce métier, il ne faut jamais dire "c’est fini". On m’a d’ailleurs récemment proposé une pièce de théâtre.
Où et comment écrivez-vous ?
Je n’ai pas besoin, contrairement à certains, d’être isolé. J’ai beaucoup écrit dans le Sud, où j’ai la chance d’avoir une maison. Mon livre commence d’ailleurs dans mon petit bureau, d’où je vois la nature. C’est un livre qui raconte mon parcours mais qui reste très actuel, car je suis un gros consommateur d’actu. Je regarde beaucoup les talk-shows, les infos, et le sport, ma passion. Le matin, je zappe entre les différentes chaînes d’info. Et puis, quand je prends ma douche, je fais la même chose… mais en radio ! Ce sont les mêmes infos, mais j’ai besoin de ça. Mon fils Pierre me dit parfois : "Mais Papa, tu l’as déjà entendue !" Ça ne me gêne pas. J’aime entendre les mêmes nouvelles sous différents angles.
J'avais pris plusieurs fois ce funiculaire de Lisbonne. On se dit, j'aurais pu y être...
Vous dévorez l’actualité ?
J’adore. Il faut dire aussi que nous vivons une époque assez chamboulée. La nuit opère comme un reset. Vous vous couchez, il s’est passé un événement, et le lendemain matin, autre chose est arrivé. C’est sans fin. Tenez, hier, (l’entretien a été réalisé le jeudi 4 septembre) cet accident de funiculaire à Lisbonne. Je l’avais pris plusieurs fois. On se dit : "Comment un truc comme ça peut-il se casser la figure ?" “J’aurais pu y être…”
Votre parcours, c’est aussi la musique. Vous chantez encore ?
La musique reste importante dans ma vie bien sûr. Et regardez Cuitas les Bananas : cette chanson a eu un destin incroyable. Julien Doré l’a reprise récemment, et j’adore ce qu’il en a fait.
Ça vous fait quoi de voir cette chanson revenir après tant d’années ?
C’est incroyable. J’ai écrit cette chanson quasiment le soir de l’arrêt du Millionnaire. Elle racontait : "couper en dos les patatos", ce n’étaient pas les pommes de terre, mais les «cent patates», du Millionnaire. Un quart de siècle plus tard, elle revient avec Julien Doré qui l’a, comme à son habitude, très intelligemment reprise.
Avec Julien Doré, vous vous êtes parlés ?
Oui, on s’est téléphoné, on s’est vu. J’ai donné mon point de vue. Je trouve qu’il a travaillé en tenant compte de ce que j’avais dit, notamment le fait que la chanson initiale n’avait pas été conçue telle que je l’avais imaginée. On peut lui faire confiance pour apporter de l’esprit. C’est quelqu’un qui a une voix, une personnalité, du charisme. La chanson fonctionne avec lui.
Vous êtes actuellement à Paris ?
Oui, je suis à Paris. J’y habite, j’y suis né, j’y ai toujours vécu. Paris, ce sont les théâtres, les cinémas, ma famille, mes enfants.
Vous êtes donc un vrai citadin.
Oui. Mais j’avoue que j’aime Paris un peu moins depuis qu’elle est gérée par la personne qui la dirige aujourd’hui. Ça m’attriste de voir la saleté, les plots en béton partout, les embouteillages incessants. On ne peut plus se garer nulle part. On sent que la ville est gérée d’une façon qui rend les gens nerveux. C’est terrible. On dit «Faites du vélo». Moi, j’en fais. Mais même en vélo, c’est devenu la guerre.
Vous vous déplacez beaucoup à vélo ?
Je m’y suis mis progressivement mais c’est dangereux. Passez le pont du Châtelet pour rejoindre le boulevard Sébastopol : un casse-tête. Le couloir vélo est minuscule, les livreurs doublent à toute allure… Trois fois sur quatre, vous frôlez l’accident. Et puis on m’a volé quatre vélos ! Pourtant j’habite un quartier normalement assez sûr. Ça, ça m’a beaucoup agacé.
Quand vous quittez Paris, c’est pour aller dans le Sud ?
Oui, j’ai une maison à Sanary-sur-Mer, dans le Var. J’ai découvert cette ville en tournée théâtre, notamment avec Piège à Matignon, la pièce de Jean-Pierre Pernaut. Nous étions logés dans un hôtel qui donnait sur le port. Chaque matin, je voyais ce port magnifique, et je me suis dit : "C’est sympa, il faut revenir". Avec ma femme, on a trouvé une maison et depuis, j’adore ce coin. Il se passe toujours quelque chose : un théâtre actif, un festival d’été, un cinéma, du rugby avec le RC Toulon, du foot à Marseille, Aix-en-Provence pas loin… Et puis le marché du mercredi, élu plus beau marché de France par TF1. Je connais presque tous les commerçants, j'adore cette ambiance.
En tant que Parisien, vous avez été bien accueilli ?
Très bien. Mon cas est particulier, je suis un peu connu, donc ça fausse parfois les rapports, mais je me suis fait beaucoup d’amis là-bas.
Vous pouvez nous parler de votre famille.
J’ai deux enfants, Julia et Pierre. Et je suis deux fois grand-père. J’ai un petit-fils, Léo, né le 11 novembre 2020. Et depuis quelques mois, j’ai une petite-fille, Antonia, née le 8 mai 2025. Ce sont les enfants de ma fille, nés à deux dates très symboliques : le 11 novembre et le 8 mai, les fins des deux guerres mondiales.
Vous les voyez souvent ?
Très ! Ma fille habite dans le même immeuble que moi, on se voit tout le temps.
Comment vivez-vous ce rôle de grand-père ?
Je ne suis pas très «bébé». Les nourrissons, très honnêtement, ce n’est plus mon truc. Mais avec Léo, qui va avoir 5 ans, c’est formidable. On rigole beaucoup.
La notoriété est-elle encore présente aujourd’hui ?
Toujours. Bien sûr, un jeune de 17 ans ne me connaît pas, sauf peut-être via Cuitas les Bananas de Julien Doré. Celui qui a 25 ans, lui, m’a vu sur Gulli, quand j’ai repris L’École des fans. Et puis, évidemment, il y a toutes les générations qui m’ont suivi à la télé et à la radio. On me reconnaît très souvent à ma voix. En province, il se passe rarement une journée sans que quelqu’un m’arrête. Je me dis que j’ai laissé plutôt un bon souvenir.
Aujourd’hui, vous êtes officiellement retraité ?
Oui, je touche une retraite.
Beaucoup d’animateurs se plaignent d’avoir des pensions très faibles, selon leurs statuts. C’est votre cas ?
Non. J’ai eu la chance d’être salarié la plupart du temps. Ma retraite n’est pas extraordinaire, mais elle est tout à fait correcte. Un conseiller fiscal m’avait dit : "Reste salarié, c’est formidable, ne bouge pas". Je n’ai donc jamais franchi le pas pour devenir producteur.
Vous le regrettez ?
Un peu. J’ai toujours eu plein d’idées, mais je n’avais pas la structure pour les mettre en place. Quand j’étais vraiment au top, j’aurais dû monter ma société, comme certains camarades.
On ne vous voit jamais avec Anne, votre épouse...
Non, mais elle est toujours là. Tenez, il y a une dizaine de jours, à Sanary. Nous étions au restaurant avec elle et mon fils. Après le dessert, le soleil est arrivé et ils ont décidé d’aller se baigner. Moi, je n’avais pas de maillot. Je suis descendu quand même, en bermuda. Le soleil tapait fort, et ma femme m’a prêté sa robe : elle me l’a nouée sur la tête pour que je ne prenne pas de coup de soleil. Avec ma chemise bariolée, ça faisait un effet amusant. J’ai publié la photo sur Instagram.
Que faites-vous quand vous ne travaillez pas avec votre femme ?
On voyage beaucoup. Les Pouilles en Italie, le Portugal, la Crète, l’Inde un peu moins récemment. Un pays dur mais fascinant. On alternait entre nuits à la roots dans des coins perdus ou dans le désert et soirées confortables dans des palaces. Inoubliable.
Quel mot adresseriez-vous aux téléspectateurs et auditeurs qui vous ont suivi toutes ces années ?
Je les embrasse. J’espère qu’ils vont bien et qu’ils gardent un bon souvenir de moi. À priori, c’est le cas si j’en crois ceux, nombreux, qui me disent : "On aimerait vous revoir".
Propos exclusifs ne pouvant être repris sans la mention Purepeople
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