Ce mercredi 21 juin, elle aurait eu 88 ans : Françoise Sagan, qui a marqué le 20e siècle par son écriture si particulière, nous a quittés en 2004 après plusieurs années difficiles, rongées par les addictions et une très grande dépression. Il faut dire qu'en 1991, treize ans plus tôt, elle avait perdu l'amour de sa vie, Peggy Roche.
Mannequin et créatrice de mode, la jeune femme avait six ans de plus qu'elle et lorsqu'elles se rencontrent, au début des années 70, l'attirance est immédiate. Mais les deux femmes sont engagées : après un mariage avec Guy Schoeller, Françoise Sagan est unie au mannequin américain Robert Westhoff, dont elle a eu un petit garçon Denis, qui a une dizaine d'années. Peggy Roche, quant à elle, est mariée avec l'acteur Claude Brasseur, qui marquera plus tard par ses nombreux rôles (La Boum, Un éléphant, ça trompe énormément, Camping, etc...) et qui est également le père d'Alexandre Brasseur (Demain nous appartient).
Une histoire d'amour qui ne résistera pas à sa rencontre avec l'autrice féministe : avant même d'avoir divorcé, Peggy Roche tombe dans les bras de Françoise Sagan et vivra avec elle les vingt dernières années de sa vie, avant de mourir d'un cancer. Mais si leur histoire d'amour a été belle, elle a surtout été discrète : dans les années 70, l'homosexualité n'était pas très acceptée en France et était même punie par la loi. Devant leurs invités, et même devant Denis, le petit garçon qu'elles ont finalement élevé ensemble, les deux femmes se sont toujours vouvoyé.
Ma mère avait été déchirée en lambeaux
Celui-ci, une fois devenu adulte, est devenu photographe. Et dans une autobiographie, il n'a pas hésité à témoigner de tout l'amour que sa mère et Peggy se portaient. "Entre ces deux femmes, ce fut un mélange de passion, de tendresse, d'admiration réciproques, de reconnaissance mutuelle, d'amitié et de connivence comme ma mère n'en connut jamais, dans mon souvenir, ni avant ni après elle", a-t-il notamment raconté. Une belle preuve d'amour, qui s'est conclue dans le drame après la mort du mannequin.
"Avec la disparition de Peggy, ce fut comme si ma mère avait été déchirée en lambeaux, que l'on eût arraché des morceaux d'elle vivante", se souvient en effet son fils. Il faut dire que Françoise Sagan a connu une longue descente aux enfers : accro à la drogue, elle s'est ruinée et a laissé plus d'un million d'euros de dettes à sa mort en 2004, d'une embolie pulmonaire. Mais, toujours présent pour rappeler sa mémoire, son fils veille au grain. Et s'est assurée que les deux femmes reposent aujourd'hui dans le même caveau. Unies pour l'éternité...
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