Le pionnier du documentaire, Robert Drew, est mort à l'âge de 90 ans à Sharon (Connecticut) le 30 juillet. Expert dans l'observation, il a créé un style particulier, évitant le montage des sujets et l'utilisation de narrateurs. C'est ainsi qu'est né le style de "Cinéma vérité", une approche contemporaine du documentaire qui a notamment inspiré Michael Moore (Bowling for Columbine, Fahrenheit 9/11...).
Dans les années 1960, Robert Drew a gagné en influence avec deux films sur John F. Kennedy : l'un sur sa campagne aux primaires, Primary, et l'autre sur son action pour les droits civiques des Noirs américains, Crisis: Behind a Presidential Commitment. Il a ensuite réalisé des douzaines d'autres documentaires qui montrent son intérêt pour la politique, la société et les arts. On lui doit également une oeuvre sur un condamné à mort, The Chair, ainsi qu'un documentaire sur le monde du ballet, Man Who Dances, qui a remporté un Emmy en 1969.
"Il était profondément impliqué dans les différents aspects de son art et était obnubilé par son travail jusqu'à la fin de ses jours", a déclaré son fils, Thatcher. Sa technique inventive de tournage qui a fait sa réputation est l'utilisation d'une caméra et d'un micro qui enregistraient sans scénario pour permettre une plus grande flexibilité et plus de naturel dans la façon de capter les réactions. Ancien pilote durant la Seconde Guerre mondiale, Robert Drew a travaillé pour le magazine Life. Il a fait par ailleurs nombre de ses films avec sa femme Anne, décédée en 2012.