L’affaire Grégory a donné lieu à l’une des enquêtes judiciaires les plus médiatisées et suivies de France. Elle a été marquée par de nombreux rebondissements et par des erreurs judiciaires, laissant planer un mystère persistant sur l’identité du véritable coupable. Plus de quarante ans après, la question reste entière : qui a bien pu s’en prendre à un enfant sans défense ? Dès le début de l’enquête policière, des tensions familiales ont été mises en lumière, laissant penser à un règlement de comptes interne. Christine et Jean-Marie Villemin, les parents du petit Grégory, recevaient d’ailleurs des lettres anonymes évoquant des secrets de famille.
Dans ce contexte, Bernard Laroche, l’oncle de Grégory, avait été inculpé avant d’être relâché, puis tué par Jean-Marie Villemin le 26 mars 1985 qui s'est retrouvé en prison, convaincu de la culpabilité de son cousin. À seulement 15 ans, Murielle Bolle, la belle-sœur de Bernard Laroche, avait livré un témoignage à charge contre lui. Elle avait affirmé avoir été en voiture avec lui le jour de la disparition de Grégory. Selon son récit, ils se seraient rendus dans la ville où vivaient les Villemin, puis Laroche serait revenu avec l’enfant. Après quelques minutes de route, il se serait arrêté, serait parti avec le garçon et serait revenu seul. Ce témoignage avait conduit à l’inculpation, avant que Murielle Bolle ne se rétracte quelques jours plus tard, déclarant avoir subi des pressions de la part des gendarmes.
Par la suite, Christine Villemin avait elle-même été mise en examen, avant d’être totalement blanchie en 1993 grâce à un non-lieu définitif. Des années plus tard, la mère de Grégory continue de clamer son innocence et refuse que l’on salisse son nom. Elle vient d’ailleurs de déposer plainte contre une ex-journaliste qui porte de graves accusations à son encontre.
C’est contre Marie-France Bezzina, ancienne journaliste de 81 ans à la retraite, que Christine Villemin a porté plainte pour diffamation. Sur Facebook, elle avait été présentée comme le "corbeau" et comme l’assassin de son propre fils. L’avocat de Christine Villemin a annoncé la nouvelle. Celle qui avait couvert l’affaire à l’époque est convoquée le 12 octobre 2026 devant la 17e chambre du tribunal judiciaire de Paris, comme l’a indiqué Me François Saint-Pierre à l’AFP. Christine Villemin réclame 100 000 euros de dommages et intérêts, selon la citation directe transmise par son avocat. "Affaire Grégory = mensonge d’État", tel est le nom du groupe Facebook dans lequel Marie-France Bezzina s’est exprimée à plusieurs reprises, désignant "CV" comme la personne qui aurait envoyé les lettres menaçantes et qui serait, surtout, derrière le meurtre du petit Grégory. "Il n’y a pas besoin d’aveu : elle ne fait que mentir", aurait-elle notamment écrit.
Du côté judiciaire, Jacqueline Jacob, 81 ans, la grand-tante du garçon déjà mise en cause en 2017, sera entendue le 24 octobre prochain pour une possible mise en examen pour association de malfaiteurs criminelle. Une expertise graphologique estime qu’elle pourrait être l’auteure présumée d’une ou plusieurs lettres du "corbeau". Une décision favorablement accueillie par les parents de Grégory, comme l’a rapporté leur avocate, Me Marie-Christine Chastant-Morand.
Jacqueline Jacob et Marie-France Bezzina restent toutefois présumées innocentes des faits qui leur sont reprochés tant qu’aucun jugement n’a été rendu.
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