Arrivé en jaune l'an passé sur les Champs-Elysées après avoir tant chassé vainement le sacre sur le Tour de France (4e en 2006, 2e en 2007 et 2008), Cadel Evans ne goûtera pas au bonheur d'un deuxième sacre consécutif sur la Grande Boucle.
A la peine déjà dans le court épisode alpestre de ce Tour 2012, qui l'a vu gravement hypothéquer ses chances, le coureur australien a perdu ses derniers espoirs sur les routes de la grande étape des Pyrénées, craquant totalement dans les ascensions des cols d'Aspin et de Peyresourde pour franchir la ligne d'arrivée, à Bagnères-de-Luchon, avec 11mn56 de retard sur le héros français du jour, Thomas Voeckler, auteur d'un numéro jubilatoire. Et, surtout, 4mn48 sur le maillot jaune Bradley Wiggins.
Un véritable calvaire dont les images, accablantes tant le coureur BMC Racing, âgé de 35 ans, semblait scotché à la chaussée, ont dû profondément toucher son épouse Chiara Passerini-Evans. La charmante pianiste et professeur de piano italienne, que Cadel Evans avait rencontrée en 2002, est là pour soutenir son champion, avec Robel, leur fils de 20 mois adopté en Ethiopie après avoir été abandonné dans les rues de Shashamane lorsqu'il avait 6 mois.
Lors de la trêve du mardi 10 juillet, Chiara Pessarini-Evans avait profité de la journée de repos du peloton, à Mâcon, pour venir depuis Stabio, leur résidence suisse à la frontière italienne, encourager son mari en compagnie de Robel et d'une amie. A cette occasion, elle a rencontré nos confrères du Journal du Dimanche pour livrer un portrait intime de l'homme derrière le coureur et constater que leur petit garçon a fait ses premiers pas sur le Tour : de quoi mettre du baume au coeur de son papa...
"Cadel et moi sommes partis en Ethiopie fin 2011 pour adopter un petit garçon. Robel est âgé de 20 mois et il vient de faire ses premiers pas sur le Tour, confie-t-elle. La France est décidément importante dans notre vie puisque c'est chez vous que Cadel m'a demandée en mariage en 2005, après son premier Tour (...) Mais je ne suis pas assez romantique : Paris m'évoque tellement l'arrivée sur les Champs-Elysées que j'ai tendance à oublier tous les autres souvenirs que nous avons dans cette ville merveilleuse !"
Décrivant son époux comme un mélomane old school, que Bruce Springsteen et Bob Dylan "accompagnent toujours quand il part sur une course", Chiara brosse le portrait d'un passionné, qui n'a toujours pas trouvé l'endroit idéal où accrocher son maillot jaune de 2011 à la maison et qui a une détermination intacte : "A mon avis, il ne descendra pas de son vélo avant d'avoir 80 ans !", s'amuse-t-elle. Admirative de sa capacité à "penser à autre chose pendant les courses de trois semaines", à s'aérer l'esprit et s'informer de l'actu même en plein Tour plutôt que de rester dans sa bulle, elle décrit également un homme modèle et un chef de famille attentif : "Je n'oublierai jamais l'accueil qu'il a reçu à Melbourne après son succès [lors du Tour 2011]. Quand il rentre dans son pays, il essaie de faire plaisir à tout le monde. Mais il s'est organisé pour que cela n'empiète pas sur notre famille. Parce que l'événement qui a vraiment bouleversé notre vie, ce n'est pas le maillot jaune, mais l'arrivée de notre fils."
Grand perdant du jour, Cadel Evans a tout gagné par ailleurs...