





Ce jeudi 24 avril, la chanteuse Suzane a dévoilé Je t’accuse, un nouveau single puissant et engagé, adressé à une justice française qu’elle juge défaillante face aux violences sexuelles. Un titre en clin d'oeil au "J'accuse" d'Emile Zola dans le cadre de l'Affaire Dreyfus et une chanson choc, accompagnée d’un clip bouleversant signé Andréa Bescond, et qui rassemble une quarantaine de femmes, connues ou anonymes, toutes victimes ou porte-voix de victimes. Parmi elles, Charlotte Arnould, qui a porté plainte contre Gérard Depardieu, Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot, mais aussi Catherine Ringer, Ève Simonet ou encore Muriel Robin. On peut notamment entendre l’artiste chanter : "Je t’accuse de fermer les yeux alors que t’as tout vu… Des tonnes de vies classées sans suite mais tu vas rien faire… Je t’accuse et j’assume pour les victimes de ton système…". Sur son compte Instagram, la chanteuse a posté un long message pour expliquer ce nouveau titre. "Je t’accuse s’adresse à celles et ceux qui savent. À celles et ceux qui ont trop longtemps souffert en silence. À ceux qui peuvent encore choisir d’écouter, d’agir. Autour de moi, des femmes et des hommes qui, comme moi, ont vécu des violences sexuelles ou sexistes. Ensemble, nous avons transformé la douleur en force. En un chant. En un appel. Merci à eux pour leur courage et leur présence essentielle", a-t-elle d'abord écrit.
Et Suzane de préciser que "ce projet est né d’un besoin vital : celui de dire. De ne plus se taire". "Je ne voulais pas porter ce cri seule car je sais que nous sommes des millions à pouvoir dire (…) Ce projet est pour nous. Il est pour vous. Cette chanson, c’est une main tendue. À celles et ceux qui se sentent seuls. À celles et ceux qui ont peur, honte, ou qui n’ont plus de force. Vous n’êtes pas seuls", a-t-elle conclu en précisant que ses droits éditoriaux allaient être reversés dans leur totalité à la fondation des femmes "en soutien à leurs combats". L'institution a d'ailleurs répondu en commentaire de la publication de l'artiste : "Quelle émotion et quelle puissance. Bravo et merci à vous Suzane et Andrea et toutes. C'est tellement précieux". Dans une autre publication Instagram, la chanteuse a confié hier, mercredi 23 avril, avoir écrit ce titre au moment du procès de Dominique Pelicot. "Est ce que le courage de Gisèle Pelicot lors de son combat aura contribué inconsciemment à m'en donner aussi ? Sûrement. Est ce que constater 5 ans après Me too, que les violences sexistes et sexuelles continuent, augmentent même et qu'elles restent majoritairement impunies me fait peur et me met en colère ? Oui", a-t-elle regretté après avoir fait savoir qu'elle avait elle aussi été violée par le passé. Et de confier, grave : "Un jour, ça a été mon tour. Mais qui allait m'écouter ? Est-ce qu'on allait même me croire ? Ou est-ce que qu'on allait demander comment j'étais habillée et si j'avais consommé de l'alcool ?".
"Est-ce qu'on allait m'aider ou est ce que ce serait finalement double peine de devoir me justifier, de devoir me défendre ? Il me fallait du courage, beaucoup de courage et je ne l'ai pas trouvé à cette période de ma vie. Comme beaucoup d'autres, j'ai mené un combat silencieux, contre moi même, j'ai gardé les cicatrices que ça laisse, invisibles et douloureuses. J'ai activé mon instinct de survie", a ajouté Suzane. A nos confrères du Parisien, elle est revenue sur le viol dont elle a été victime et sur son agresseur : "Je lui faisais entièrement confiance, j’avais la vingtaine, on était proche. Il m’a violée. C’est dur de prononcer le mot viol… Il est aujourd’hui marié et père de famille. J’espère qu’il se sentira concerné par cette chanson". Elle n'a pas souhaité déposer plainte à l'époque et a expliqué : "Ce serait trop de souffrances, trop d’énergie, trop d’argent gaspillé. Je préfère mettre les moyens dans ma construction. Vingt ans de prison pour Pelicot, vous trouvez ça normal au regard de ses actes ? Pas moi. Les victimes prennent toujours perpétuité".