Chez Yves Saint Laurent, les équipes le savent : François-Henri Pinault est quelqu'un de plutôt accessible… mais dès qu’il s’agit de chiffres, c’est une autre histoire ! Les idées, c’est bien. Les résultats, c’est mieux. “Il est parfaitement accessible, il n’y a pas beaucoup de terrain d’entente”, confiait un syndicaliste auprès de nos confrères de Fashionnetwork.com. Autrement dit, on peut débattre, mais à la fin c’est toujours lui qui tranche.
Quand il prend les commandes du groupe familial en 2005, le décor est planté : fils de François Pinault, diplômé de HEC, il a déjà tout fait, tout vu, tout réorganisé. Entré dans le groupe dès 1987, il a gravi les échelons comme un coureur de fond, avant de piloter la stratégie numérique de PPR (l’ancien nom de Kering) au début des années 2000. Visionnaire, il avait déjà compris que le luxe ne survivrait pas sans internet. Trois ans plus tard, il prend la tête d’Artémis, la société familiale. Et en 2005, il s’installe définitivement dans le fauteuil du boss. Comme le précise sa biographie sur le site de Kering, depuis septembre 2025, il préside carrément le conseil d’administration.
Sa première décision ? Mettre un grand coup de balai. Exit les enseignes de grande distribution : Conforama, La Redoute, la Fnac, Le Printemps… tout ce qui ne respire pas le luxe, dehors. À la place, il mise sur des griffes à potentiel comme Bottega Veneta, Alexander McQueen ou encore Balenciaga. Un virage stratégique risqué, mais payant : Kering devient une machine à désir, rentable et redoutablement organisée.
Pinault n’aime pas les à-peu-près. "Il est très ouvert, mais exigeant et dur sur les chiffres !", se souvient Valérie Hermann, ex-PDG d’Yves Saint Laurent. Et ce n’est pas qu’une formule : pour lui, tout projet doit être soutenu par des faits, pas des intuitions. La "culture de la performance" qu’il revendique ressemble plus à un art de vivre qu’à un concept de management. Chez lui, la créativité se mesure à la colonne "résultats".
Derrière la façade du patron calme et exigeant, il y a aussi l’homme privé. Celui qui, en 2006, tombe raide dingue de Salma Hayek lors de l’inauguration du Palais Grassi à Venise. Elle est actrice, mexicaine, brillante, un peu exubérante - tout le contraire de lui. Le coup de foudre est immédiat. Trois ans plus tard, ils se disent "oui" à Paris, lors d’une cérémonie surprise organisée par la famille. Oui, surprise : elle a appris qu’elle allait se marier le jour même. "Quand je l’ai épousé, tout le monde disait que c’était un mariage arrangé et que je l'avais épousé pour son argent. Et ça fait quinze ans qu’on est ensemble et notre amour est toujours aussi fort", confiait-elle dans le podcast Armchair Expert.
Depuis, leur couple défie les clichés. Elle, star hollywoodienne, fêtait ses 59 ans cette année ; lui, milliardaire discret, père de quatre enfants. Deux de son premier mariage, François et Mathilde ; un fils, Augustin James, né d’une relation passée avec Linda Evangelista ; et Valentina Paloma, sa fille avec Salma. L’actrice en parle avec tendresse : “Quand mon mari rentre du travail, peu importe s’il y a passé une sale journée, il a un énorme sourire sur le visage, il est content de me voir et de voir ses enfants.”
Le paradoxe Pinault, c’est ça : un dirigeant carré avec les chiffres, mais capable d’une vie de famille simple et chaleureuse. Il aime la boxe, le foot, et a même contribué à redresser les comptes du Stade Rennais, acheté par son père il y a des années. Peu de paillettes, peu de discours, beaucoup d’efficacité. Chez Yves Saint Laurent comme dans tout Kering, on sait désormais comment ça marche : les chiffres sont roi. Et sur ce terrain-là, François-Henri Pinault n’a jamais le sens de l’humour.
player2
player2