La Guerre des boutons s'est transformée en véritable combat dans le cinéma français, avec la sortie annoncée de deux nouvelles adaptation du roman de Louis Pergaud, l'une réalisée par Yann Samuell (Jeux d'enfants), l'autre par Christophe Barratier (Les Choristes). Face à cette bataille surréaliste se trouve Danièle Delorme, épouse du défunt réalisateur Yves Robert, à qui l'on doit la version de 1962 et énorme succès au box office (près de 10 millions d'entrées). La veuve du cinéaste revient en exclusivité pour France Dimanche sur la mise en scène de La Guerre des boutons, défend l'oeuvre de son époux, face aux deux réalisations prévues et nous livre une anecdote croustillante sur son mariage. Extraits.
"Si j'aurai su, j'aurais pas venu," est une phrase mythique du film La Guerre des boutons de 1962. Cette réplique inoubliable, parmi d'autres, n'est pas tirée du roman dont il est adapté, mais est une trouvaille du réalisateur Yves Robert lui-même. Ainsi, Danièle Delorme ne s'oppose pas à toute adaptation du film, "l'oeuvre de Louis Pergaud [désormais tombée dans le domaine public] appartient à tous ceux qui la respecteront. Simplement, les producteurs sont venus me voir en me demandant s'ils pouvaient reprendre certaines phrases cultes de mon mari, Yves Robert. [...] Il a certainement su prendre chez Pergaud ce qu'il fallait pour que l'oeuvre soit le succès que l'on sait et se perpétue pendant cinquante ans sur grand écran. Aux autres d'en faire autant !"
Danièle Delorme se dit par ailleurs troublée que l'action de La Guerre des boutons de Barratier, produite par Thomas Langmann, avec Gérard Jugnot et Kad Merad, se déroule durant l'Occupation, alors que le livre de Pergaud date de 1912 : "C'est dire si c'est une étrange idée de placer parmi les enfants une petite Juive de la guerre de 39/45..."
Avec certainement une douce nostalgie, Danièle Delorme revient sur le tournage du film de son mari, dont elle était l'une des productrices : "Il y avait tellement d'enfants, une centaine en tout. [...] Les plus courageux se lavaient dans la rivière. Je n'ose pas imaginer les autorisations qu'il nous faudrait obtenir aujourd'hui !" La célèbre comédienne se remémore un souvenir touchant, le moment le "plus dur" avec les enfants : "Le matin, à l'heure du petit déjeuner, lorsqu'il faut faire le bisou à chacun. Un baiser sur chaque joue, multiplié par cent, ça prend un temps fou," disait Yves Robert. Quant à l'inoubliable petit Gibus, il a quitté le monde du cinéma pour "devenir peintre et potier".
L'entretien dérive sur sa vie privée, avec son mariage avec Yves Robert en 1956 : "Le jour du mariage, alors que nous arrivions au dessert, j'ai eu la surprise de voir débarquer mon premier mari, Daniel Gélin [avec qui elle a eu un fils, Xavier, décédé d'un cancer en 1999]. [...] J'avais promis à Yves que je lui accordais ma main droite. Mais je lui avais dit que je garderais toujours la gauche pour Daniel." Ironie de la vie, les deux hommes sont morts la même année, en 2002.
Avec beaucoup d'enthousiasme, elle parle de sa passion pour le cinéma et des hommes qu'elle aime. Danièle Delorme ne s'étend toutefois pas sur les tragédies de sa vie, contées avec dignité dans ses mémoires, Demain tout commence, parus en 2008.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans France Dimanche du 22 avril.