Dérapage homophobe de Sexion d'Assaut : Un nouveau discours trop travaillé ?
Publié le 12 octobre 2010 à 16:13
Par Laureline R.
Le groupe Sexion d'Assaut Le groupe Sexion d'Assaut
Sexion d'Assaut en répétition au Parc des princes. Juin 2010
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Le récent dérapage homophobe de Lefa, du groupe Sexion d'Assaut, a engendré de nombreuses annulations de concerts, un boycott de la radio NRJ, mais leur a surtout coûté leur nomination aux MTV European Music Awards.

Malgré les excuses présentées par le rappeur et le reste de la formation, MTV France a confié : "Nous avons pris cette décision car nous ne pouvons pas récompenser un groupe dont les récents propos encouragent ouvertement l'intolérance". Souvenez-vous, dans une interview accordée au magazine International Hip Hop, Lefa avait déclaré être "homophobe à 100%", ajoutant, derrière ce propos choc, un discours tranché sur l'homosexualité.

Alors que la polémique est à son comble, Les Inrockuptibles sont allés à la rencontre de celui par qui le scandale est arrivé. Afin d'ouvrir le débat, la publication a décidé de le confronter à Louis-Georges Tin, porte-parole du Cran (Conseil représentatif des associations noires) et promoteur d'une journée d'action contre l'homophobie.

S'il s'est déjà excusé, le discours de Karim Fall, alias Lefa (fils du jazzman éminent Cheick Tidiane Fall), s'est affirmé. Avec ses phrases bien tournées, il semble vraiment avoir compris l'ampleur et la gravité des propos qu'il a véhiculés. "On est jeunes, on dit les choses crûment, on était mal informés sur l'homophobie et même sur l'homosexualité. Nous avons dit beaucoup de conneries. (...) Maintenant, on tient à s'expliquer, qu'il y ait une prise de conscience sur ce sujet-là, autour duquel il y a une grande ignorance. On peut utiliser notre notoriété pour communiquer et distribuer une charte avec un texte sur la tolérance pour sensibiliser notre public."

Face à ses déclarations, Louis-Georges Tin, avec qui il a longuement conversé, a commenté : "Ma première réaction a évidemment été l'indignation. (...) Il faut condamner très clairement l'homophobie. J'ai dit à Karim des choses très dures, sans mâcher mes mots. (...) Et je crois qu'il faut sortir de l'idée que dès qu'on est noir, dès qu'on vient de banlieue - et là c'est le porte-parole du Cran qui parle -, on est condamné à faire des chansons homophobes, sexistes, antisémites ou Dieu sait quoi."

Lefa a poursuivi dans son sens : "Dans la rue, tout est axé sur l'ego, la fierté, je viens de tel quartier, je ne suis pas une baltringue, etc. Et ce sont des milieux où l'homosexualité est condamnée. Où il y a des homos qui se cachent."

Concernant certaines paroles homophobes contenues dans d'anciennes chansons du groupe (et qui ont ressurgi suite au scandale), il a affirmé qu'elles étaient des erreurs de jeunesse. Le rappeur a également joué sur les mots et le sens de certaines expressions parfois dénaturées : "Dans la rue, il y a des codes. Certaines expressions qu'on utilise peuvent blesser des gens. Quand je dis : 'On n'est pas des homosexuels', je ne parle pas des gays, beaucoup de gens l'ont compris. Mais je comprends aussi que la communauté gay se sente attaquée."

Pour conclure, il a affirmé avec aplomb : "On n'a pas de complexe à dire qu'on a dit des conneries et qu'on s'en excuse. C'est ça, être un vrai mec. Quelqu'un qui reste sur ses positions alors qu'on vient de lui prouver qu'il a tort, ça n'est pas un bonhomme, c'est un con. Je ne suis pas homophobe, même si dans le passé je l'ai été. J'ai grandi."

Si les fans et auditeurs de Sexion d'Assaut - qui se sont sentis trahis lors du dérapage du band -, ont envie de croire à une véritable prise de conscience, la certitude d'un engagement sincère est difficile à avoir.

Qu'avait le groupe comme autre choix que de réorienter le tir en mettant ses propos sur le compte de l'ignorance ou de l'immaturité ? Alors que la formation connaît enfin le succès souhaité après des années de production underground, que les fans se bousculent et que certains adultes dansent même sur Wati by night en boîte de nuit, comment les rappeurs pouvaient-ils s'en sortir autrement qu'en s'excusant ? Leur discours, probablement orienté par des professionnels de la communication et d'expression orale, est-il trop travaillé pour être juste ?

Certaines associations, après une rencontre avec les membres du groupe, ont décidé de croire en leur volonté de faire reculer les discriminations découlant de l'orientation sexuelle. Espérons qu'elles aient raison de leur ré-accorder leur confiance. Pour les jeunes, pour le rap, pour les minorités trop souvent visées avec facilité.

 

Laureline Reygner

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