






Issu d’un milieu rural, Jarry a grandi dans "un village de 600 habitants au milieu des vignobles" du Maine-et-Loire. Cette enfance rurale, marquée par la dureté du travail et la prise de conscience de "la solitude" de ses voisins, a façonné sa vision du monde. Actuellement en tournée pour son one-man-show "Bonhomme", l’humoriste de 47 ans, est revenu pour nos confrères du Monde sur son lien avec le public, le milieu rural dont il vient ainsi que son homosexualité assumée. "J’ai grandi avec des gens qui donnaient leur vie à leur travail, et qui étaient assez vite fatigués et usés par le temps. Je voyais que la seule fenêtre qui leur apportait du bonheur, c’était le petit écran, et je me disais qu’un jour je serais de ces gens qui apportent la lumière là où il y a l’obscurité", a-t-il confié au média. C’est à l’adolescence que le théâtre bouleverse sa vie. Après des années de pratique en théâtre-forum dans les lycées, il s’oriente vers le one-man-show, guidé par Didier Bourdon, qui le convainc de faire rire plutôt que pleurer. Cette rencontre sera déterminante pour celui qui souhaitait à l’origine être tragédien.
Longtemps en quête de son identité, Jarry a mis du temps à se définir comme homosexuel. Sur scène, il en a fait un moteur comique, et n'hésite jamais à jouer sur une exubérance assumée en taquinant également son public mais jusqu'à certaines limites. Nos confrères du Monde décrivent : "Il pousse des grands cris et choisit toujours de taquiner dans le public des hommes venus avec leurs gros bras et leur épouse. Avec le temps, Jarry a su investir le créneau de l’extraverti qui rassure : provocant jusqu’à certaines limites, différent, mais avec des valeurs familières". Lors de cette interview, Jarry est notamment revenu sur ses débuts et le fait que certains n'ont pas cru en lui. "Quand j’ai commencé l’humour, on m’a dit qu’un homosexuel ne remplirait jamais les salles en province. Quand j’ai fait de la télé, on m’a dit que j’allais faire peur à la ménagère", s'est-il souvenu. Pourtant, le papa de deux enfants a su s’imposer, brisant les clichés et touchant un large public. "Au final, j’ai reçu tellement d’amour, notamment des personnes âgées, là où on attend le plus de résistance face à la différence", a-t-il analysé.

Avec Bonhomme, son spectacle pour lequel il est en tournée pour plus de cinquante dates en France, Jarry mêle rire et émotion, notamment en rendant hommage à son père, décédé prématurément d’une tumeur au cerveau. Ce spectacle est également une déclaration d’amour à sa mère, qui a toujours accepté son homosexualité, et à ses trois frères, devenus vignerons "qui l’ont toujours défendu auprès des autres enfants et n’ont jamais fait de drame de ses passions pour la danse et la poésie – alors que lui était persuadé d’avoir été adopté, tellement il détonnait", a précisé Le Monde. Et Jarry de se souvenir : "On me disait que j’étais efféminé, mais, pour moi, ça voulait dire gracieux ".