Kaïra Shopping, Pattaya, Taxi 5 : Saïd Bogotà a fait rire des millions de téléspectateurs ! Il les a également horrifiés suite aux accusations d'enlèvement, séquestration et tentative d'assassinat. L'acteur actuellement jugé et sa famille ont témoigné à la barre. Tous ont raconté une enfance difficile, marquée par les moqueries autour de son handicap.
"Je veux être un être humain comme tout le monde, avoir une copine, des enfants, aller travailler", a affirmé Saïd ce mardi 14 septembre à la cour d'assises de l'Essonne, dans la ville de Courcouronnes. L'acteur atteint de nanisme a témoigné dans l'affaire d'enlèvement, séquestration et tentative d'assassinat, pour laquelle il est détention depuis le 20 décembre 2018. Said Bogotà a raconté son enfance, marquée par "le regard des gens, les pointages du doigt, les surnoms qu'on [lui] donn[ait], [sa] mère qui pleur[ait]". Cette dernière s'est également exprimée, avec émotion.
Quand il sortait dans la rue, tout le monde disait le nain. Ça fait mal.
"Mon fils a toujours été rejeté. Ce n'était pas facile pour moi. À l'école, on lui volait ses affaires. Une fois, une maman est venue me dire qu'elle ne voulait pas que Saïd s'assoie à côté de son fils parce qu'il lui faisait peur, a-t-elle expliqué, les larmes aux yeux. Il voulait acheter des gens pour qu'ils s'approchent de lui."
La mère de Saïd Bogotà s'est également souvenue de la première déception sentimentale de son fils, au collège : "Il aimait une fille. Je lui ai donné de l'argent pour qu'il lui achète un bracelet. Mais elle ne l'aimait pas. Elle aimait son copain", a-t-elle raconté. La soeur du comédien a précisé que Saïd s'était alors scarifié les bras. "On se suivait d'un an à l'école. J'essayais de le protéger. Il n'a jamais été accepté. Auprès des filles, ça ne marchait pas. Il n'a jamais eu de petite copine. On disait qu'il était petit, pas beau", a-t-elle témoigné. Le frère de Saïd a également eu un mot sur leur jeunesse : "Quand il sortait dans la rue, tout le monde disait le nain. Ça fait mal".
Un expert en psychiatrie, qui a évalué Saïd Bogotà, est allé dans le même sens : "Il a souffert d'un sentiment de rejet du fait de son handicap. Cela a beaucoup imprégné sa vie et ça a généré une forme de résignation et une blessure narcissique, a-t-il commencé. Sa célébrité vient renverser ce système. Il passe de l'ombre à la lumière, il est admiré. Lui-même dit qu'il n'est pas totalement dupe de ça, mais il n'y est pas insensible."
Le praticien a également évoqué l'ex-petite amie de Saïd, Jessica, au coeur de l'affaire malgré elle. "Cette relation amoureuse, il l'a après des années de désert affectif. Quand elle s'éloigne, voire se moque de lui, il parle de trahison. Ça le renvoie a tout ce qu'il a vécu antérieurement. Cela provoque de la colère, de la rancoeur, de la rage, avec une dimension passionnelle." Elle a pris forme le 14 décembre 2018 à Ivry-sur-Seine, jour où les faits ont été commis.
Avec deux autres hommes aujourd'hui âgés de 21 ans et la complicité d'un quatrième accusé mineur au moment des faits, Saïd Bogota est accusé d'avoir enlevé, séquestré et tenté d'assassiner un adolescent de 17 ans, nouveau petit ami de l'ex de Saïd Bogota, Jessica. Les accusés auraient emmené leur victime dans une cave d'immeuble de Saint-Chéron.
Le jeune homme, selon son récit, avait été torturé à coups de poing et jets de gaz et acide chlorhydrique, puis emmené dans un champ à près de 2 kilomètres de là. Saïd Bogota avait prolongé le calvaire du kidnappé en le frappant avec une clé à molette. L'ado de 17 ans avait également reçu deux tirs de flashball dans la tête à bout portant. Ses agresseurs ont ensuite mis le feu à ses vêtements après l'avoir aspergé d'essence. La victime a échappé à la mort en se déshabillant, et s'était réfugié dans un pavillon.
Lui aussi s'est exprimé à la barre et a raconté les faits en détails. Il a ajouté : "J'ai été suivi par un psychiatre pendant un an et demi. J'ai passé une semaine avec lui avant de venir ici. Il m'a donné un traitement. Ça fait un peu de bien."
Saïd Bogota et les autres prévenus restent présumés innocents jusqu'à la clôture du dossier.