Sandrine Kiberlain revient au cinéma dans Comme un avion de et avec Bruno Podalydès. Elle y incarne l'épouse du héros, une personnalité patiente et aimante moins simple qu'il n'y paraît. L'actrice césarisée s'exprime dans Les Inrocks sur le récent prix de Vincent Lindon, le père de sa fille Suzanne, sur son rapport à la vie privée et sur son ami Alain Resnais, mort il y a un an.
Émue lorsqu'elle revient sur le prix d'interprétation de Vincent Lindon au dernier Festival de Cannes, pour La Loi du marché de Stéphane Brizé (pour qui elle avait tourné en 2009 dans Mademoiselle Chambon), Sandrine Kiberlain ne tarit pas d'éloges sur l'acteur avec qui elle a eu une fille, Suzanne (14 ans). Un comédien qu'elle a épousé en 1998 et dont elle est aujourd'hui séparée. Mais leur affection est toujours aussi présente. Quand il a obtenu sa récompense, il l'a dédiée à leur fille - comme elle-même l'avait fait en recevant son César pour Neuf mois ferme (2014) : "Suzanne était en voyage scolaire en Italie. J'étais au téléphone à droite avec Vincent, à gauche avec Suzanne et, en même temps, je filmais ce qui se passait à la télévision pour qu'elle puisse voir ! Vincent n'a pas arrêté de me dire que c'était tant mieux, que comme ça, Suzanne était épargnée par tout ce flan médiatique."
Sa vie privée, Sandrine Kiberlain en parle avec mesure, quelques touches ici et là dans des interviews qui permettent de mieux cerner la femme qu'elle est : "Je ne calcule pas. Par exemple, j'ai eu en horreur pendant des années l'idée de parler du coma dans lequel je suis tombée à la naissance de Suzanne, horreur aussi qu'on en parle à ma place." La comédienne était enceinte quand son père est décédé d'une leucémie. Elle-même sera victime d'un accident cérébral le lendemain de la naissance de sa fille. Des drames personnels qu'elle évoque aujourd'hui, mais pas question toutefois pour elle, ni d'ailleurs pour son ancien compagnon, de s'étaler : "Mais dire certaines choses simplement permet aussi de se protéger en éloignant la curiosité malsaine."
C'est avec beaucoup de délicatesse, qu'elle parle aussi d'Alain Resnais, elle avait tourné dans son dernier film Aimer, boire et chanter. "J'étais comme la dernière venue dans cette 'troupe' d'acteurs. Sabine Azéma m'a demandé d'allumer les bougies pour ça, je crois, le jour des obsèques. J'ai l'impression d'avoir rencontré un nouvel ami et qu'on était des ados, joyeux et ludiques. Alors qu'il avait 91 ans..."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Les Inrockuptibles