Vincent Labrune-Stéphane Tapie : Un sourire, un clash, un procès, et ça continue
Publié le 30 novembre 2012 à 19:07
Par Guillaume J.
Vincent Labrune le 7 octobre 2012 au Vélodrome Vincent Labrune le 7 octobre 2012 au Vélodrome© Abaca
Vincent Labrune réagit à la polémique sur BFM TV.
Bernard Tapie et son fils Stéphane en 1999 pour Vivement Dimanche.
Vincent Labrune et Jean-Pierre Foucault au Vélodrome le 7 octobre 2012
Vincent Labrune et Margarita Louis Dreyfus lors de OM-PSG au Vélodrome le 7 octobre 2012
Bernard Tapie et son fils Stéphane en 1999 pour Vivement Dimanche.
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Comme si le camouflet infligé à domicile, dans un Vélodrome glacé, par l'Olympique lyonnais ne suffisait pas, l'Olympique de Marseille, où l'ambiance du vestiaire est nettement retombée après l'euphorie d'un début de saison tonitruant, doit affronter une polémique totalement superflue, mais aussi totalement délétère - comme souvent concernant le club de la Canebière.

Humilié (1-4) dans son antre mercredi soir en match en retard du championnat de Ligue 1, au terme duquel c'est l'OL qui s'est emparé du fauteuil de leader que les locaux entendaient récupérer, l'OM a les projecteurs braqués sur lui en raison de la querelle entre son président, Vincent Labrune, et Stéphane Tapie, 43 ans, fils de l'ancien président de l'OM Bernard Tapie et supporter de toujours du club.

Vous avez un nouveau message...

Tout est parti de la diffusion d'une image sur Canal+, saisie pendant ce match cauchemar où Marseille n'a sauvé l'honneur (et encore) qu'en toute fin de rencontre par un Loïc Rémy qui retrouvait alors le chemin des filets. Sur l'image en question, on voyait Vincent Labrune riant en loge. Sortie de son contexte, la scène avait de quoi mettre en rogne plus d'un supporter de l'OM. Justement, Stéphane Tapie, lui, a vu carrément rouge, et, en "représailles", en plus de s'emporter contre l'intéressé, a communiqué à l'antenne de France Bleu Provence le numéro de téléphone portable du patron du club phocéen, dans l'émission La 3e mi-temps dont il était l'invité. Ce qui a valu à Vincent Labrune de recevoir une flopée de messages peu amènes (insultes, menaces)... et l'a amené à entamer des poursuites contre le fils de Bernard Tapie. "En raison de la gravité objective des faits commis par Stéphane Tapie, l'OM et Vincent Labrune ont donné instruction d'obtenir condamnation des chefs d'injures publiques et d'incitation à la haine", indiquait jeudi un communiqué du club phocéen.

Stéphane Tapie campe sur ses positions, puisque le jour même du dépôt de plainte, il persistait et signait sur l'antenne de RMC, dans l'Intégrale Foot : "J'ai le droit de m'exprimer, comme les journalistes du Phocéen devraient normalement avoir le droit d'aller voir à la Commanderie [interdiction faite par le club, NDLR]. Il est en train de donner une importance qui n'avait pas lieu d'être à ce billet d'humeur d'hier [mercredi]. Tant pis pour lui, tant pis pour moi. On verra bien. La seule chose qui est regrettable, que j'ai faite dans l'énervement, c'est de donner son numéro de portable. Le reste, je ne suis pas le seul à le penser. Tout Marseille le pense. Et plein d'autres le pensent. (...) La seule chose que je n'assume pas, c'est d'avoir donné son numéro de portable. Je n'aurais pas dû le faire. Mais tout ce que j'ai dit, je l'assume. C'est un président en carton ! Il ne fait pas son travail." Stéphane Tapie confie également avoir demandé que le podcast de l'émission ne soit pas diffusé, "pour ne pas mettre dans l'embarras France Bleu et Le Phocéen. (...) Je ne veux pas qu'ils soient coresponsables avec moi", et qu'il a reçu un avertissement de la station : "Je leur ai dit : 'Si vous voulez, j'arrête, pour que vous soyez plus tranquille'. Ils m'ont dit : 'Non, non, c'est vrai que tu es allé un peu loin. On te connaît un peu, tu es assez colérique. Mais on te garde. Il n'y a pas de souci'."

Outre les suites que l'affaire connaîtra devant les tribunaux, elle ne manque pas de s'étaler et de rebondir dans la presse. Rapidement, Vincent Labrune a tenu à laver son honneur en donnant sa version : "Je suis extrêmement choqué par l'utilisation qui est faite de la séquence diffusée par Canal+. Qui peut penser que je puisse sourire au moment où mon équipe est en train d'enregistrer la plus lourde défaite à domicile depuis que je suis président du club ? La caméra a saisi le seul moment où je pouvais avoir une raison de me féliciter, c'est-à-dire quelques minutes après le but de Loïc Rémy. Sur les images, on me voit en conversation avec l'agent de notre attaquant qui m'assure que ce premier but en Championnat de Loïc annonce une fin de saison en boulet de canon de sa part. L'utilisation qui est faite de cette séquence depuis sa diffusion me scandalise. J'y vois une entreprise de déstabilisation de l'institution, de son président, et à travers lui de son actionnaire. A ce titre, j'ai immédiatement demandé à mes avocats d'engager toute procédure visant à faire sanctionner les propos tenus par Stéphane Tapie lors d'une émission de radio diffusée après le coup de sifflet final."

Elie Baup, l'entraîneur de l'OM, n'a pas tardé à se montrer solidaire de son président : "Je trouve toutes ces choses-là déplacées. Je connais bien le président, on sait comment il vit difficilement toutes nos contre-performances. L'image qui en est donnée ne correspond pas du tout à ce que j'en connais, il est très attaché aux bons résultats et toute cette polémique est proprement injustifiée et scandaleuse", a déclaré vendredi le technicien. Steve Mandanda, qui n'a pas pu jouer les sauveurs providentiels mercredi, abonde : "Quand on gagne, le président est très heureux, quand on perd, il est abattu voire énervé. On connaît sa passion pour le club, c'est une image passée au mauvais moment. Franchement tout cela est ridicule."

Une "maladresse", pas un tacle...

Mise en cause, Canal+ aussi s'est expliquée, notamment par la voix de son patron des sports, Cyril Linette, qui a vivement réfuté tout soupçon de manipulation des images : "Je m'insurge contre tout ce qui a pu être écrit laissant entendre que ce plan n'était pas en direct. On ne se serait pas amusé à montrer pendant la rencontre une image que l'on aurait enregistrée à l'échauffement. On ne se livre pas à ce genre de manipulation, ça n'aurait aucun sens. On a quand même une déontologie", a-t-il affirmé, tout en reconnaissant une "maladresse" : "Jean-Jacques [Amsellem, réalisateur du match, NDLR] a cherché le président marseillais sur ses écrans pendant le match. Lorsqu'il le voit enfin, il le met à l'antenne... A ce moment-là, Labrune était en train de sourire. C'était un hasard, il n'y avait pas de malveillance. Si on maîtrise bien notre retransmission, on ne doit pas diffuser ce plan. Il y a une forme de maladresse, mais qui est liée aux milliers de choix qu'un réalisateur doit faire pendant un match... En tout cas, je peux vous dire que tous les journalistes de Canal+ qui ont croisé Labrune hier soir peuvent témoigner qu'il a passé une mauvaise soirée, et qu'il avait le masque pendant tout le match", a continué Cyril Linette.

Œil pour oeil...

Quoi qu'il en soit, l'épisode a ravivé les tensions qui existent sporadiquement entre le club au sang chaud et les médias : vendredi, le site de L'Équipe rapportait en milieu de journée qu'un journaliste de France Bleu Provence avait été interdit de conférence de presse au QG du club. Une punition que le directeur de la station provençale, Claude Perrier, a regrettée, trouvant "dommage" que son journaliste "se fasse virer comme un malpropre". "Je suis responsable éditorial en tant que patron de la radio, mais pas coupable des propos tenus en direct par un intervenant extérieur, que je ne partage pas et que je ne cautionne pas", a précisé M. Perrier, dans le but évident de désamorcer la crise...

L'idéal étant maintenant que l'OM remporte son prochain match, et que Vincent Labrune ne fasse pas la gueule.

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