Il y a seize ans, la naissance de Zohra Dati avait fait grand bruit. Fille de l’ancienne garde des Sceaux Rachida Dati, elle a finalement été reconnue par la justice comme étant bien l’enfant de Dominique Desseigne, patron du groupe Barrière. Une décision de la cour d’appel de Versailles, rendue en 2016, qui a confirmé la paternité du magnat des casinos après des années de bataille judiciaire. Aujourd’hui, Zohra est une jeune femme de 16 ans. Mais si elle héritera de son père, il est désormais acquis qu’elle ne détiendra aucune action du groupe Barrière. Car ce sont ses aînés, Alexandre et Joy, les enfants de Dominique et de son épouse disparue Diane Barrière, qui tiennent les rênes de l’empire familial.
L’histoire du groupe Barrière est digne d’un roman. Fondée il y a plus d’un siècle, l’entreprise s’est imposée comme un fleuron du divertissement à la française. Mais derrière cette réussite se cache une dynastie frappée par les drames. Diane Barrière, héritière adoptive de Lucien Barrière, a survécu en 1988 à un accident d’avion qui l’a laissée lourdement handicapée, avant de décéder en 2001 à seulement 44 ans. Son mari, Dominique Desseigne, a alors pris la tête du groupe, profitant seul des dividendes, au grand désarroi de ses enfants. Cette gestion a provoqué, deux décennies plus tard, un conflit ouvert avec son fils Alexandre, soutenu par sa sœur Joy. En 2022, la bataille judiciaire a abouti au départ du patriarche, remplacé l’année suivante par ses deux héritiers légitimes.
Depuis 2023, le frère et la sœur incarnent la quatrième génération à la barre du groupe Barrière. Ensemble, ils ont racheté les parts du financier Marc Ladreit de La Charrière, redonnant à l’entreprise son caractère 100 % familial. Selon Challenges, la fortune de la famille est aujourd’hui estimée à environ 950 millions d’euros.
Alexandre Barrière, 37 ans, est l’aîné. Après des études internationales, il a intégré le groupe dès 2014. C’est notamment sous son impulsion qu’ont vu le jour le Fouquet’s de New York, ainsi que des adresses prestigieuses au Louvre Abu Dhabi et à Dubaï. Défenseur du bien-être au travail et de l’internationalisation, il pilote aussi la stratégie numérique du groupe, avec le lancement d’un casino en ligne en Suisse, anticipant les évolutions du marché. Quant à sa sœur Joy, 34 ans, elle a d’abord mené une carrière à l’étranger. Diplômée en philosophie et en sciences politiques, elle a fait ses armes à Londres, d’abord chez Publicis puis au sein de l’institut de conseil BVA BDRC, où elle a accompagné de grands groupes hôteliers dans leurs stratégies. Rejointe au groupe familial en 2020, elle s’est spécialisée dans l’exploitation des données clients et la personnalisation des offres de jeux.
Aujourd'hui à la tête du groupe, Alexandre et Joy incarnent un équilibre entre tradition et modernité. Comme le soulignent nos confrères des Décideurs, leur mission est claire : rattraper le retard accumulé sous la présidence de leur père, moderniser les établissements et s’imposer face à une concurrence mondialisée. "Nous avons les atouts pour réussir", assurait récemment Alexandre, confiant dans la force d’une entreprise restée fidèle à son ADN familial.
Reste la question de la cadette, Zohra Dati. Officiellement reconnue par son père, elle est juridiquement héritière d’une partie de sa fortune personnelle. Mais elle ne participera pas à l’aventure industrielle du groupe Barrière, dont la transmission a été verrouillée en faveur d’Alexandre et Joy. À 16 ans, la jeune fille grandit donc dans l’ombre d’une dynastie dont elle partage le nom mais pas le destin économique. Une situation qui souligne, une fois de plus, à quel point la saga Barrière est aussi une histoire de pouvoirs, d’héritages et de fractures familiales.
player2
player2
player2