En janvier 2009, Rachida Dati, alors garde des Sceaux, donnait naissance à une petite fille prénommée Zohra. La ministre de la Justice, célibataire et sans compagnon officiel à l’époque, avait gardé le silence sur l’identité du père. Rapidement, les rumeurs lièrent la naissance de l’enfant à Dominique Desseigne, alors puissant PDG du groupe Lucien Barrière, empire hôtelier et casinotier de premier plan en France.
Dès 2012, une procédure judiciaire fut engagée afin d’établir la filiation de Zohra. Le tribunal de grande instance de Versailles ordonna un test de paternité, auquel l’homme d’affaires refusa de se soumettre en octobre 2014. Ce refus fut considéré par les magistrats comme un aveu. En décembre de la même année, la justice trancha : Dominique Desseigne était officiellement reconnu comme le père de Zohra. La cour d’appel de Versailles confirma ce jugement en 2016, après plusieurs années d’un bras de fer discret.
Cette reconnaissance couverte par nos confrères de Paris Match entraîna des conséquences financières. La justice condamna l'homme d'affaires à verser une pension alimentaire mensuelle de 2 500 euros, rétroactivement exigible depuis la naissance de l’enfant. Rachida Dati, qui avait demandé une somme plus élevée - environ 6 000 euros -, dut se contenter de cette décision. Son avocate, Me Christine Guillot-Bouhours, parla d’une décision "humainement et juridiquement irréprochable", rappelant "le droit universel à connaître sa filiation".
Pourtant, cette pension représente une somme dérisoire au regard de l’immense fortune de Dominique Desseigne. En 2014 déjà, son patrimoine professionnel était estimé à plusieurs centaines de millions d’euros. En 2022, le magazine Challenges évaluait sa fortune à environ 650 millions d’euros. Deux ans plus tard, en 2024, elle dépassait le milliard, plaçant la famille Desseigne-Barrière à la 132ᵉ place des fortunes françaises. Comparée à ces chiffres vertigineux, la pension versée à Zohra apparaît comme une "infime partie" de cette richesse accumulée grâce au succès des casinos et hôtels Barrière.
Aujourd’hui âgée de 16 ans, Zohra grandit aux côtés de sa mère, devenue ministre de la Culture. Elle reste en marge de la destinée familiale façonnée par Alexandre et Joy, les deux enfants que Dominique Desseigne a eus avec sa défunte épouse Diane Barrière. Ce frère et cette sœur ont repris la direction du groupe Barrière après des tensions avec leur père, et mènent désormais l’entreprise vers une nouvelle ère.
Si Zohra ne devrait pas hériter des actions du groupe Barrière, elle demeure l’héritière légitime de Dominique Desseigne en tant que sa fille reconnue. La question de sa part d’héritage se posera forcément un jour, même si, pour l’heure, elle se contente de la pension alimentaire fixée il y a maintenant dix ans.
Cette histoire illustre le contraste saisissant entre la puissance financière d’un ex-magnat des casinos et la relative modestie de la somme que la justice a jugé suffisante pour subvenir aux besoins de sa fille. Pour Rachida Dati, qui a longtemps dénoncé le "tapage médiatique" autour de cette affaire intime, l’essentiel demeure que sa fille ait obtenu reconnaissance et protection.
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