Anne Sinclair : Sereine et déterminée, elle livre ses mises au point
Publié le 4 mars 2012 à 17:33
Par Samya Yakoubaly | Rédactrice
Cinéphile, elle adore regarder des bande-annonces et des moments historiques à la télévision. Le prochain James Bond ou le discours d’investiture de Barack Obama lui donnent les mêmes frissons.
Anne Sinclair à Paris le 23 janvier 2012 Anne Sinclair à Paris le 23 janvier 2012© Abaca
Anne Sinclair et Dominique Strauss-Kahn à New York le 6 juin 2011
21, rue de la Boétie, d'Anne Sinclair
La revue Marianne du 3 mars 2012
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La journaliste Anne Sinclair, heureuse directrice éditoriale de la jeune édition française du Huffington Post, a accordé ses mots fins et savants au magazine Marianne. Le but : présenter en détail son ouvrage, 21, rue de la Boétie, un livre qui se consacre à l'histoire de sa famille. Avec passion, la "femme de l'année" reviendra sur le parcours de ceux qui peuplent son arbre généalogique et notamment son grand-père. Inéluctablement, l'épouse de Dominique Strauss-Kahn reviendra aussi encore une fois dans cette interview sur la fameuse affaire, avec une sérénité et une force toujours impressionnante.

Après s'être indignée des nombreuses polémiques liées à l'idée d'identité nationale, Anne Sinclair aborde frontalement la question des biens qu'elle possède : "J'ai toujours eu une mentalité de salariée et pas du tout d'héritière. Je n'ai jamais compté que sur moi-même, et vous imaginez bien qu'être journaliste à TF1 me garantissait cette indépendance. On a parlé récemment dans la presse de centaines de tableaux, il ne m'en reste en réalité que quatre importants, ainsi que des dessins. Je ne me plains évidemment pas, mais ma famille, depuis la mort de mon grand-père en 1959 [Paul Rosenberg, un grand marchand d'art], a vécu sur ce qui restait." Elle tape du poing sur la table : "Ce qui me met mal à l'aise, c'est quand on conteste les valeurs de gauche de quelqu'un parce qu'il a un compte en banque confortable. Que vos convictions soient réduites à votre patrimoine m'insupporte. [...] Qu'on me dénie le droit d'être de gauche parce que mon grand-père a eu de l'intuition et a investi dans Picasso et Braque, je ne l'accepte pas."

L'image de la gauche caviar touche Anne Sinclair et n'épargne pas son mari Dominique Strauss-Kahn, ancien directeur du FMI : "Dominique a toujours été universitaire et parlementaire, s'il avait voulu être banquier et faire fortune, il aurait pu, mais il n'a aucune fortune personnelle. On a voulu l'assimiler à ça parce qu'il avait des positions qui n'étaient pas mélenchoniennes mais sociales-démocrates." Anne Sinclair possède une foule d'arguments pour défendre son mari, qu'elle a soutenu envers et contre tout. Après le scandale du Sofitel, elle subit celui du Carlton pour lequel son époux a été entendu sous le régime de garde à vue, pour complicité de proxénistisme aggravé en bande organisée et recel d'abus de biens sociaux. Il sera convoqué le 28 mars devant trois juges d'instruction pour une possible mise en examen.

Impliqué dans ces dossiers, DSK n'est qu'un souvenir dans la course aux primaires socialistes. Loin de pleurer sur sa place hypothétique de première dame évanouie, Anne Sinclair déclare vivre la campagne présidentielle au premier plan, grâce à la direction du Huffington Post : "Quand on m'a demandé si le Huff Post traiterait l'affaire normalement, j'ai répondu : Oui, évidemment, la question ne se pose même pas. Et vous avez pu voir que nous l'avons fait." Elle écarte aussi les attaques de certaines féministes sur sa ligne de conduite : "Il s'agit d'une minorité qui a donné au féminisme un côté inquisitorial que celui-ci n'a jamais eu. [...] La transparence absolue est profondément totalitaire."

Anne Sinclair profite de cet entretien pour mettre les choses au clair avec la presse : "J'ai pu expérimenter le piétinement absolu de la présomption d'innocence ainsi que la capacité de certains à écrire n'importe quoi, à broder, à fantasmer à partir de choses fausses. [...] Cette affaire avait des répercussions politiques importantes, il est donc normal qu'elle ait été largement traitée, mais il y a le reste, cette façon d'être en permanence regardé, scruté." Une situation difficile et douloureuse, qui n'a néanmoins pas altéré sa force, ni son identité : "Une femme, française, républicaine, de gauche, juive, voilà ce que je suis."

21, rue de la Boétie d'Anne Siclair, aux éditions Grasset.

Retrouve l'intégralité de l'article dans la revue Marianne du 3 mars 2012

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