Le documentaire censuré en Inde, India's Daughter, a été présenté à New York le 9 mars au cours d'une soirée à laquelle ont participé les stars Meryl Streep, Freida Pinto et Dakota Fanning. La projection a eu lieu au Baruch College où des douzaines de bougies ont été allumées pour rendre hommage à cette étudiante indienne morte en 2012 après un viol collectif dans un bus, le coeur de ce documentaire bouleversant. Selon les organisateurs, quelque 650 personnes ont assisté à l'événement.
L'actrice aux trois Oscars et aux innombrables nominations, Meryl Streep, a déclaré devant l'assistance : "Ce soir, nous allumons ces bougies pour honorer la valeur et le travail de la trop courte et prometteuse vie de Jyoti Singh's. Elle était la fille de l'Inde, elle est ce soir notre fille aussi." De son côté, Freida Pinto a dit : "Au final, c'est un film qui a besoin être vu par tous. Ce n'est pas un long métrage qui a pour but de déshonorer l'Inde."
La réalisatrice de ce documentaire, Leslee Udwin, était évidemment présente. Elle-même victime d'un viol, elle a dû faire face à la décision de la justice indienne de déprogrammer la diffusion de son film sur la chaîne indienne NDTV à l'occasion de la Journée internationale des femmes le 8 mars. Officiellement, le gouvernement justifie cette mesure pour maintenir l'ordre public. Le gouverment accuse la réalisatrice de n'avoir pas eu les autorisations pour interviewer Muskesh Singh en prison (voir vidéo ci-dessous), et assure que ses propos sont "un affront à la dignitié des femmes", ou que "certains passages du films semblent encourager et inciter les violences faites aux femmes", comme le détaille un article du New Yorker repris par Télérama. La chaîne indienne a alors choisi de programmer à la place un écran blanc. Le documentaire est disponible sur YouTube et Dailymotion.
Pour l'héroïne de Slumdog Millionaire et ex de Dev Patel, qui s'est confiée à l'Associated Press, "ce film ne fait en aucun cas l'apologie de la violence pour résoudre le problème. En fait, son message est de régler les choses de la façon la plus civilisée possible". Et d'ajouter : "Ce n'est pas juste une question en Inde, c'est un sujet qui gangrène tous les pays du monde. Il n'y a pas un pays en 2015 où la violence sexuelle contre les femmes n'existent pas."