





Psychanalyste très médiatisé il fut un temps, Gérard Miller (76 ans) a vu son statut péricliter après des accusations de violences sexuelles qui ont abouti à l'ouverture d'une enquête en février 2024. Il clame dans un communiqué relayé par l'AFP qu'il ne peut se défendre alors que sort un deuxième livre sur lui (Anatomie d’une prédation d'Alice Augustin et Cécile Ollivier aux éditions Robert Laffont) : "Je n'ai pas la moindre information sur les plaintes qui me viseraient, sort un second livre qui me décrit de fait comme coupable." Il ajoute : "Je ne peux me défendre : je n’ai pas accès au dossier, j’ignore même quel service enquêteur est saisi, ni combien de plaintes ont été déposées contre moi. Comment peut-on imaginer que ma famille et moi coulons des jours tranquilles ?" Un père de famille nombreuse dont les photos avec sa compagne de 30 ans sa cadette et leur bébé de 25 semaines ("né à la limite de la viabilité" dixit Gérard Miller), avait fuité dans la presse.
Une prise de position qui a suscité la colère de l'une de ses accusatrices qui parle désormais à visage découvert. Interrogé par Mediapart, Aude G. fait partie des 25 plaintes qui accablent Gérard Miller. Elle dénonce un viol qui aurait eu lieu en 2001 au domicile parisien de Gérard Miller, alors qu'elle avait 17 ans et qu'elle l’avait sollicité pour un article pour le journal de son lycée. Avec un mode opératoire récurrent : un déjeuner anodin avec d'autres personnes - son ami Laurent Ruquier en l'occurrence - puis une invitation chez lui dans sa "pièce japonaise". Aujourd'hui psychologue clinicienne de 40 ans, elle se désespère que les témoins dont elle a parlé pour appuyer son récit n’ont pas été contactés à ce jour.

"Je suis en arrêt maladie pour troubles du stress post-traumatique depuis février 2024. J’ai récemment repris le travail à temps très partiel, douze heures par semaine. J’ai donc perdu une bonne partie de ma patientèle. (...) Au-delà de l’aspect financier, mon travail, c’est mon identité. J’ai eu l’impression d’avoir abandonné mes patients… J’ai aussi eu peur qu’on se dise 'elle est victime, elle n’est pas assez forte', que mes patients ne me regardent plus comme une professionnelle. Je vis et j’exerce dans une petite ville. Ça parle…", explique cette psychologue à Mediapart, mère d'enfants entre 2 ans et demi et 12 ans à qui elle a dû expliquer, avec des mots adaptés à leur âge, pourquoi elle allait si mal.
Insupportée depuis des années par le visage de Gérard Miller à la télévision, elle l'a été encore plus quand elle l'a vu dans un magazine en famille avec son bébé durant l'automne dernier : "J’ai vomi. Je me suis dit : 'Nous, on essaye de s’en sortir pendant que lui vit tranquillement sa vie.' Moi, ma vie elle ne sera plus jamais la même." Elle souligne la capacité du psychanaliste à inverser la culpabilité. "Il se positionne en victime et une fois de plus l’attention est attirée sur lui. Il éclipse les vraies victimes, les rabaisse, il faut qu’il soit au-dessus, tout-puissant... Ce que je redoute, c’est qu’il puisse encore faire du mal." S'il nie les faits et assure n'avoir jamais contraint personne, Gérard Miller concède qu'il n'avait pas mesuré à l’époque que la "dissymétrie" qui existait entre lui, un "homme de pouvoir", et des femmes "plus jeunes" était "rédhibitoire". Ce à quoi Aude G. répond : "Dissymétrie. Ce mot-là m’a énervée car, en l’employant, il nous rabaisse une fois de plus. Même là, il nous prend pour des moins que rien, il se pense au-dessus de nous."
Face à cette situation, elle peut compter sur son conjoint, sa sœur, son avocate et son médecin traitant, tout comme l’association MeTooMedia qui l’accompagne au quotidien. "J’ai perdu des amis. C’est très compliqué avec mes parents", ajoute-t-elle. De son côté, Gérard Miller réserve sa parole à l'institution judiciaire.
Gérard Miller est présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à clôture du dossier par la justice