Marc Lièvremont en a pris ''plein la gueule'' et n'a toujours pas digéré...
Publié le 18 novembre 2011 à 20:08
Par Benoit Z.
Marc Lièvremont, le 23 octobre 2011 à Auckland Marc Lièvremont, le 23 octobre 2011 à Auckland© Abaca
Marc Lièvremont, le 14 octobre 2011 à Auckland
Richie McCaw et Graham Henry le 24 octobre 2011 dans les rues d'Auckland
Imanol Harinordoquy le 24 septembre 2011 à Auckland
Marc Lièvremont, le 22 octobre 2011 à Auckland
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Dimanche 23 octobre 2011, le XV de France mettait fin à une formidable aventure en s'inclinant d'un petit point face aux All Blacks en finale de la Coupe du monde de rugby disputée en Nouvelle-Zélande. Les Bleus inscrivaient l'une des plus belles pages de leur histoire, après quatre mois très difficiles, entre critiques virulentes des médias, tensions au sein du groupe et résultats décevants.

 

L'après mondial

Trois semaines après le point final, Marc Lièvremont, sélectionneur tout à la fois décrié et acclamé, revient sur son expérience, ses relations avec ses joueurs, la presse et ses sentiments, dans un long entretien accordé au Monde.

"Le retour, 'le retour sur terre' j'ai envie de dire, je l'appréhendais, je craignais une forme de décompression, quel que soit le résultat, confie-t-il ainsi. Le retour à la vie réelle peut-être assez violent, il y a une forme de déconnexion." Aujourd'hui, l'ancien sélectionneur, qui laissera officiellement sa place à Philippe Saint-André le 1er décembre, se sent "serein, apaisé". "Il y a un reste d'euphorie et j'ai conservé mon mode de fonctionnement pour le sommeil : je dois dormir trois à quatre heures par nuit, comme ça a été le cas pendant la compétition. A 3 heures du matin, impossible de fermer l'oeil : je reste rempli d'adrénaline", explique-t-il ainsi. Difficile en effet de faire abstraction de quatre mois de vie commune et d'un mois de compétition durant lesquels Marc Lièvremont sera passé par tous les sentiments.

Pourtant, même s'il n'arrive pas à décrocher, il reconnaît ne pas avoir revu cette finale perdue que les Bleus méritaient pourtant de gagner : "Ce match est le seul en quatre ans que je n'ai pas regardé (...) Cela pourrait raviver des blessures. Il y a quand même un sentiment d'amertume. On est passé à côté de quelque chose d'énorme, certainement l'un des plus grands exploits du sport français."

 

Seuls contre tout un peuple

Car Marc Lièvremont et ses joueurs devaient affronter les All Blacks, mais également la presse néo-zélandaise et tout un peuple entièrement acquis à la cause de ses héros, sans oublier l'arbitre, dont les décisions furent sévèrement jugées, même si Marc Lièvremont a toujours refusé de critiquer l'arbitrage. "Mon regret, c'est que malgré cet arbitrage disons assez 'permissif', on aurait pu gagner. Et cela aurait été encore plus énorme", ajoute-t-il, tout en reconnaissant tout de même qu'il lui reste une "forme de tristesse, qui va s'estomper". Car Marc Lièvremont en était persuadé, à l'inverse des observateurs, son équipe était capable d'aller au bout : "C'était difficile de claironner qu'on pouvait être champions du monde, mais je pensais sincèrement que c'était possible. Je savais que, tôt ou tard, on toucherait les dividendes de la préparation, et cela a été le cas."

Pourtant, l'ancien troisième ligne aile garde un souvenir amer de son séjour à l'autre bout du monde et a le verbe acerbe lorsqu'il s'agit d'évoquer la réaction des Blacks à l'issue du match : "Tout est relatif, en termes d'hommage. Nous n'avons pas apprécié du tout le comportement de l'entraîneur Graham Henry, du capitaine Richie McCaw. Ils nous citent encore la "fourchette" d'Aurélien Rougerie à partir d'un montage assez tendancieux, mais quand on voit le comportement de McCaw sur Morgan Parra notamment... Je pense qu'ils auraient pu quand même être plus seigneurs. Ils n'ont pas eu un mot sur l'équipe de France et à la soirée de clôture du tournoi, il n'y en a eu que pour les All Blacks." Pourtant, le capitaine du XV de France, Thierry Dusautoir, a été élu au nez et à la barbe des joueurs néo-zélandais meilleur joueur de l'année par les instances internationales ! Une attitude contre-balancée par l'accueil du peuple néo-zélandais. "Dans le coeur des Néo-Zélandais, l'équipe de France était déjà un adversaire particulier et je pense qu'on s'est gagné leur respect. Ces gens n'ont pas arrêté de nous encourager, même avant la finale. J'ai le souvenir du départ en bus, de la traversée d'Auckland avec la ville noire de monde, aux sens propre et figuré, qui nous applaudissait", se réjouit Marc Lièvremont.

 

Une image écornée

Durant son séjour à l'autre bout du monde, les frasques de l'équipe de France et les embrouilles au sein du XV tricolore ont souvent été mises en avant, donnant une piètre image de son sélectionneur. Une image que n'a pas ressentie Marc Lièvremont, dont la popularité a au contraire décuplé : "Je suis entré dans un restaurant à Bayonne, les gens ont chanté La Marseillaise. Dans le métro, les gens me reconnaissent, toutes générations confondues. Une dame d'origine maghrébine est venue me voir à la terrasse d'un café, avec son petit garçon qui joue au foot. Elle m'a dit : 'Grâce à vous, mon fils a appris La Marseillaise.' J'ai trouvé ça génial !"

Lui qui ne pensait jamais entraîner, qui s'était "juré de ne jamais le faire", semble aujourd'hui prêt à tenter à nouveau l'aventure à condition d'y trouver une satisfaction intellectuelle. Et chose curieuse, Marc Lièvremont reconnaît qu'il ne souhaitait pas le poste de sélectionneur : "Je n'ai jamais considéré cette fonction de sélectionneur, dont je ne voulais d'ailleurs pas, comme un aboutissement. C'est une belle parenthèse, même si je sais qu'en termes d'émotion, j'aurai du mal à vivre quelque chose d'aussi fort."

Et pourtant, il en a pris "plein la gueule". De la presse d'abord, et notamment lors de l'affaire des "sales gosses" : "Ce que je dis à la presse, je l'ai dit avant aux joueurs, et souvent d'une manière bien plus agressive." De ses propres joueurs ensuite, et d'Imanol Harinordoquy en particulier, qui avait déclaré qu'il était "perdu" et "dépassé". "Il a été donner au Midi olympique ce que ce journal avait envie d'entendre. Toujours pareil : ma soi-disant incompétence. C'est tellement éculé comme propos ! Je le considère comme quelqu'un d'intelligent, avec un gros ego. J'ai été surpris par son manque de sincérité, parce que jusqu'au bout il m'a serré la main. Il aurait pu, même après la finale, me dire qu'il ne m'avait pas apprécié. Ces sorties médiatiques, je ne peux que les regretter, mais personnellement j'en ai pris tellement plein la gueule ! Alors, une ou deux critiques de plus...", répond-il fermement.

Mais à 43 ans, Marc Lièvremont n'est pas près de raccrocher les crampons : "Depuis toujours, c'est le fil rouge de ma vie. J'ai commencé à cinq ans et je n'ai plus lâché... Donc il y aura certainement encore du rugby quelque part."

 

Retrouvez l'intégralité de l'entretien avec Marc Lièvremont sur le site du Monde.

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