Alors que beaucoup de personnalités entretiennent leur condition physique grâce aux salles de sport ou au jogging, Élodie Bouchez a trouvé son propre équilibre dans une discipline artistique qui rythme son quotidien : la danse. Un choix qui n’a rien d’anodin pour l’actrice doublement césarisée (César du meilleur espoir féminin pour Les Roseaux sauvages en 1995 et César de la meilleure actrice et Prix d’interprétation féminine du Festival de Cannes pour La Vie rêvée des anges en 1998), tant son rapport au corps est indissociable de son métier et de sa vie personnelle.
Dans les colonnes de L’Équipe, la comédienne qui possède une demeure dans le Var confiait en février dernier: "D'une manière ou d'une autre, il y a toujours quelque chose qui m'émeut dans le corps. J'ai un rapport particulier avec lui parce que je pratique la danse depuis plus de trente ans, donc j'ai regardé et je regarde beaucoup les corps, j'ai moi-même été un corps parmi d'autres dans les cours de danse." Une pratique qui lui a pourtant été imposée enfant par sa mère, dans des cours de classique qui ne lui convenaient pas. Elle admet ne pas avoir trouvé immédiatement sa voie : "Ce n'était pas l'endroit où j'avais envie d'être. Des années plus tard, je découvre le modern jazz et la danse contemporaine qui ressemblent plus à ce que j'ai envie de faire et qui collent mieux avec mes capacités."
"J'en parle souvent avec mon professeur ou mes collègues : ce travail rejoint la méditation"
Aujourd’hui, la danse contemporaine est devenue son terrain d’expression privilégié, notamment lors de ses périodes sans tournage. Elle y consacre plusieurs heures par jour : "Durant les périodes où je ne travaille pas, la danse contemporaine compose ma routine quotidienne. Certains vont à la salle de gym tous les jours, d'autres courent, moi ce sont des cours de danse entre deux et quatre heures. J'en parle souvent avec mon professeur ou mes collègues : ce travail rejoint la méditation."
Cette pratique ne se limite pas à un simple exercice physique : elle nourrit son jeu d’actrice. "Au théâtre, systématiquement, je mets beaucoup de physicalité dans mes personnages", expliquait-elle. Le corps devient alors le vecteur premier des émotions, une source d’énergie qui lui permet de donner de l’ampleur à ses rôles. Récemment encore, sur la scène du Théâtre de la Ville dans Le Songe d’une nuit d’été, l’artiste a puisé dans cette endurance acquise au fil des cours de danse pour tenir un rythme soutenu, entre déplacements constants et projection de la voix devant un millier de spectateurs.
Cette rigueur quotidienne contribue aussi à préserver son équilibre personnel. À 52 ans, mère de deux grands garçons — Tara-Jay et Roxan, fruits de son union avec Thomas Bangalter, cofondateur de Daft Punk —, Élodie Bouchez revendique une hygiène de vie simple : pas d’alcool, pas de tabac, mais beaucoup de mouvement et d’eau. Elle sourit en expliquant que son allure juvénile viendrait peut-être de cette constance : "Mon apparence encore juvénile ? C'est parce que j'ai la même coiffure depuis trente ans !"
Plus qu’un sport, la danse est pour elle une manière d’habiter pleinement son corps et d’apporter une profondeur unique à ses personnages. Entre deux films, elle ne s’en éloigne jamais vraiment. Là où certains enfilent leurs baskets pour avaler des kilomètres, elle préfère chausser ses pointes ou fouler le parquet d’un studio, à raison de deux à quatre heures de danse. Une discipline exigeante, mais qui lui permet, comme elle le résume elle-même, de trouver une forme de méditation en mouvement.
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