Emmanuelle Béart : "Je ne me vois pas devenir une bourgeoise avec son caniche et son sac Dior !"

Cette semaine, Emmanuelle Béart occupe le terrain. Depuis mercredi, elle est dans les salles de cinéma avec Nous trois, une comédie qui se déroule dans les années 70 et voit un enfant pousser sa mère dans les bras de son voisin. Emmanuelle y partage l'affiche avec Jacques Gamblin et Stefano Accorsi, compagnon de la troublante Laetitia Casta.

Ce soir, l'actrice montera également sur les planches. Au théâtre national de la Colline à Paris, Béart présente Les Justes d'Albert Camus, dont la mise en scène austère est signée Stanislas Norday. C'est sa rencontre avec ce dernier et la force du texte de Camus qui ont séduit la comédienne. Le sujet de la pièce résonne aussi dans sa vie d'actrice.

Les Justes suit un groupe de terroristes russes en 1905 qui concoctent un attentat contre le despote le grand-duc Serge. Dans le Parisien, Emmanuelle Béart parle de la portée du sujet : "Qui peut dire que le despotisme, la tyrannie ne restent pas des urgences ? Camus a écrit en pensant notamment à la Résistance. On imagine très bien des résistants se poser ces questions. Faut-il sacrifier la vie d'un homme ? À des fins politiques, a-t-on le droit de tuer ?"

Le journaliste interroge ensuite Béart sur ses propres engagements : "J'ai toujours la sensation que je ne pouvais pas fermer les yeux", explique-t-elle. "Que ce soit pour les sans-papiers, l'Unicef ou beaucoup d'autres choses que j'ai pu faire sans médiatisation (...) Bien sûr, il aurait été plus confortable pour moi de me contenter de ma jolie image d'actrice. Mais je me sentirais lâche (...) Alors oui, ça provoque de la haine chez certains. On a même écrit que je payais mes impôts en Belgique."

Parmi les images d'Emmanuelle Béart qui resteront gravées dans notre mémoire, il y a celle d'Emmanuelle, la femme militante, qui occupe l'église Saint-Bernard avec les sans-papiers... On est en 1996. À l'époque, l'actrice est égérie pour la maison Dior. Il se disait alors que son engagement dans cette église lui avait coûté son contrat publicitaire. Rien n'est sûr évidemment. Avec le recul, Emmanuelle ne regrette rien et "surtout pas d'être rentrée dans cette église. Le problème des sans-papiers, ces vies brisées, ces gens déracinés, m'est douloureux."

Elle se dit très admirative du combat que mène Josiane Balasko et dit se battre autant qu'elle peut, tout en restant lucide : "Oui, j'ai une vie de privilégiée. Mais je ne me vois pas devenir une bourgeoise qui ferme les yeux, qui se balade avec son caniche et son sac Dior..."

Le prochain projet au cinéma d'Emmanuelle Béart, c'est le film Ma compagne de nuit, dans lequel elle interprète une femme atteinte du cancer. Un film d'Isabelle Brocard et Hélène Laurent avec Hafsia Herzi.

Les Justes, d'Albert Camus, mise en scène de Stanislas Norday avec Emmanuelle Béart, Vincent Dissez, Wajdi Mouawad... jusqu'au 23 avril au Théâtre national de la Colline, Paris.