






Invité par Bernard Montiel sur les ondes de RFM, Michel Boujenah s’est confié avec une rare sincérité sur une expérience aussi personnelle que douloureuse. L’acteur de 72 ans a évoqué sa dernière visite en Tunisie, pays qu’il a quitté à l’âge de 11 ans avec sa famille. Une escale lors d’un tournage l’a conduit, presque malgré lui, jusqu’à sa maison d’enfance à Tunis.
"La dernière fois que je suis allé en Tunisie, c’est pour tourner dans un film et j’avais une matinée de libre. Je suis allé voir ma maison de Tunis. Ça a été terrible. Jamais j’aurais dû y aller. Il ne faut pas toucher aux souvenirs", a-t-il raconté au micro de RFM, visiblement ému.
La douleur du déracinement, toujours vivace malgré les décennies, a resurgi brutalement. À la question de Bernard Montiel : "Tu es rentré dans ta maison d’enfance à Tunis et tu as dit ‘Je n’aurai pas dû’", Michel Boujenah répond sans détour : "Mais non, tu quittes un endroit quand t’as onze ans et que tu reviens, t’en as 72… crois-moi que ça a changé. C’est sacrément violent."
Cette visite n’a pas seulement réveillé des souvenirs, elle a bouleversé l’artiste : "J’ai décidé d’effacer ce que j’ai vu de ma tête. Ah oui, ce n’était plus chez moi", confie-t-il, comme pour marquer une rupture définitive avec ce lieu pourtant si fondateur.
Né en 1952 à Tunis dans une famille juive, Michel Boujenah a grandi dans un environnement chaleureux qu’il n’a jamais cessé de chérir. Mais en 1963, le contexte politique pousse sa famille à quitter la Tunisie. Ce départ, imposé et incompris, reste une blessure ouverte : "Moi je ne voulais pas quitter la Tunisie, j’ai cassé toutes les fenêtres de la rue où j’habitais avec mon lance-pierre", racontait-il dans une interview sur France 2 en 2023. "C’était ma révolte à moi, j’ai arrêté de manger, de dormir… Je me suis rendu malade.", a ajouté le comédien.
Le petit garçon de onze ans, pris entre silence des adultes et détresse personnelle, n’a compris les raisons du départ que bien plus tard : "Mon père, on lui a dit un jour : “pour certains, en ce moment, tu es plus juif que Tunisien.”", a-t-il confié. Une phrase qui a poussé son père à tout quitter. L’acteur se souvient de cette injustice familiale avec émotion : "Je lui en voulais à ce moment-là… j’en voulais terriblement à mes parents."
Au fil de l’entretien sur RFM, Michel Boujenah ne s’est pas seulement replongé dans ses souvenirs personnels. Ce dernier a aussi livré un message poignant sur les souffrances de notre monde. "Il y a des gens qui n’existent que par la guerre", a-t-il lâché avec amertume, en évoquant les enfants victimes de conflits dans le monde. Un constat dur, mais lucide, venant d’un homme qui a toujours porté la paix comme valeur fondatrice.
L’artiste évoque aussi sa mère tunisienne, à travers un souvenir plein de tendresse : "Ma mère chantait dans les églises. Elle n’était pas catholique mais elle avait une voix qui dépassait tout." Un dernier hommage à ses racines, entre musique, spiritualité et nostalgie.