






Considéré comme l’un des grands favoris de la 97e cérémonie des Oscars avec 13 nominations, Emilia Pérez a essuyé un échec notable en récoltant seulement deux statuettes, l’une pour Zoe Saldana (meilleure actrice dans un second rôle), l’autre pour El Mal (meilleure chanson). Le film a payé l’exhumation de messages à connotation raciste et islamophobe, datant de plusieurs années, sur les réseaux sociaux de son actrice principale Karla Sofía Gascón. L'artiste transgenre avait notamment écrit : "L’islam est devenu un foyer d’infection pour l’humanité". Ainsi que traité George Floyd, un afro-américain assassiné par un policier "d’escroc toxicomane".
"C’est une guerre ouverte entre les productions, les distributeurs, les studios. Et ça, c’est usant", a regretté Jacques Audiard, le réalisateur du film, ce mercredi 12 mars, au micro de la journaliste Sonia Deviller sur France Inter. Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il cautionne le comportement de son actrice, comme il l'a fait savoir sur le plateau de C à Vous dans la soirée : "Elle a dit des bêtises, des choses absolument ignobles, je ne comprends pas." En revanche, il pardonne : "J'accorde aux gens la possibilité de changer. C'est une formidable actrice, elle a eu un prix hier soir en Espagne." Et pour lui, malgré ce qui se dit, sa carrière d'actrice n'est pas terminée. Et il n'est pas contre l'idée de retravailler avec elle.
Mais, toujours dans une volonté de nuancer ses propos, il ne veut pas utiliser le terme "injuste", en parlant du traitement accordé à l'actrice aux Oscars après ses tweets. "Non, pas injuste, Le film est contre cela, donc y'a une contradiction dans les termes, j'ai trouvé cela odieux, c'est comme si elle me faisait une espèce d'insulte, je l'ai très mal pris, c'est comme une trahison."
Rappelons qu'Emilia Pérez a revanche brillé aux César, avec sept prix remportés au total. Aucun autre film n'a fait mieux, meme pas Le Comte de Monte-Cristo avec Pierre Niney, qui était pourtant favori. Il était malgré tout difficile pour l'Académie de ne pas évoquer cette polémique. Mais elle a été traitée avec légèreté et humour, par Jean-Pascal Zadi, en début de soirée.
"On a le plaisir d'avoir ce soir l'équipe d’Emilia Pérez ! Avec douze nominations ! Meilleure réalisation, meilleur film, meilleure actrice, meilleur tweet...", avait-il lancé à Jacques Audiard et son équipe. A noter que le réalisateur avait déjà réagit à la polémique quelques jours plus tôt sur le plateau d'En Aparté : ""Ça m’a catastrophé. Ce n’est pas la personne avec laquelle j’ai travaillé. Ça remonte à 6 ans, ce n’est pas du tout Karla. Je ne l’ai pas connue sous ce jour-là. Quand je découvre ça, je suis absolument consterné. Je ne sais pas ce qui va se passer pour les César, pour les Oscars c’est franchement pas de mon ressort. J’en suis navré ce n’est pas la personne que j’ai connue. Ce sont des horreurs, qu’est-ce qu’on peut dire ? Je ne sais pas…Au début, ce que je ne comprenais pas ce qu’elle ne s’excuse pas auprès de nous, des 150 personnes qui ont été à son service. Elle l’a fait et heureusement"
Effectivement, Karla Sofía Gascón s'était excusée, auprès de Variety. "Je tiens à clarifier la polémique autour de mes publications passées sur les réseaux sociaux qui ont causé de la souffrance. En tant que personne appartenant à une communauté marginalisée, je connais trop bien cette souffrance et je suis profondément désolée envers ceux et celles à qui j’ai causé de la douleur. Toute ma vie, je me suis battue pour un monde meilleur. Je crois que la lumière triomphera toujours de l’obscurité.”, avait-elle déclaré.
Et Jacques Audiard, lui, semble donc l'avoir plus au moins pardonnée, alors qu'il avait révélé auprès des équipes de Deadline Hollywood qu'il n'était plus en contact avec la star de son film depuis que l'affaire ait été rendue publique.