





Dans une nouvelle soirée documentaire, ce mardi 13 mai sur France 5, Marina Carrère d’Encausse met en lumière un sujet encore largement tabou : l’alcoolisme féminin. Intitulé Alcool au féminin, elles brisent le tabou et réalisé par Alexandra Combe, le film donne la parole à des femmes connues – comme Muriel Robin, Noémie Lvovsky ou Fiona Gélin – et anonymes, qui osent raconter leur lutte contre la dépendance. L’une d’elles résume avec force l’injustice de cette stigmatisation : "Pour une femme alcoolique, c’est deux fois plus dur que pour un homme… on ne nous le pardonne pas." Elles témoignent de consommations massives (jusqu’à trois bouteilles de rhum par jour), de leurs mensonges, de leurs peurs et surtout des blessures profondes à l’origine de leur dérive. Car, comme l’expliquent les médecins, l’alcoolisme chez les femmes découle bien souvent d’un traumatisme majeur, notamment des violences sexuelles puisqu'une agression peut multiplier par 36 le risque d’addiction.
Le documentaire insiste aussi sur la difficulté à identifier le moment où la consommation devient pathologique : il ne s’agit pas seulement de quantité, mais de comportements – l’incapacité à s’arrêter, les effets sur la santé. Chez les femmes, les dégâts sont plus rapides et plus sévères, à cause de leur physiologie. Cirrhoses, maladies cardio-vasculaires, et risque accru de cancer du sein les frappent plus tôt. Muriel Robin, qui fait donc partie des personnes qui ont accepté de témoigner, livre un récit poignant. "En fait, j'ai senti dans mon disque dur… il y avait quelque chose qui était là et boire était normal, je croyais que c’était du plaisir", a avoué celle qui a eu pour habitude de consommer de l’alcool chaque soir. Et l'humoriste qui a goûté de l'alcool pour la première fois à l'âge de 12 ans de préciser même : "Quand j'étais dehors, je buvais un litre de champagne minimum presque tous les soirs." "Je me sentais tellement différente que j’étais très seule. J'étais en grande souffrance. (…) Je faisais une dépression entre chaque spectacle. J’ai été alcoolique pendant 30 ans. Je réalise que ce sont 30 ans que je n’ai pas vu passer à un point anormal. C’est l’alcool qui me les a volés", a-t-elle poursuivi avec regret.
"A 15 ans, avec mon allure d'adulte, je rentrais dans les cafés et je commandais mon blanc. J'ai bu du blanc d'abord. J'ai bu beaucoup de blanc", a-t-elle également confié à Marina Carrère d'Encausse. Et d'expliquer que des années plus tard, au moment de se lever, elle n'avait qu'une hâte, celle d'arriver au soir afin de boire un verre. Muriel Robin a précisé : "Je n'ai jamais commencé le matin. J'ai pu parfois boire un midi un peu, j'ai gardé ce truc-là mais le soir a été de plus en plus tôt…". "Il y avait des soirs qui commençaient à 16h, 17h… quand même", a-t-elle reconnu après avoir confié qu'elle pouvait ouvrir une bouteille chez elle seule, sans avoir besoin de sortir ou d'être entourée.