Muriel Robin

Elle est l'une des humoristes phares de sa génération, en même temps qu'une actrice dramatique rare. Elle est aussi une des artistes engagées dont l'activisme est le plus efficace. Muriel Robin, femme fragile et artiste d'une infinie drôlerie, est une des personnalités marquantes de son temps.

Muriel Marie-Jeanne Robin naît à Montbrison, dans la Loire, le 2 août 1955. Elle est la benjamine de trois soeurs, dont les parents tiennent un magasin de chaussures à Montbrison. Après la mort de sa mère, Muriel Robin découvrira, à 50 ans, qu'elle était le fruit d'une relation extra-conjugale de cette dernière avec un marchand forain d'origine arménienne, ce que la comédienne révèlera plus tard dans son autobiographie. La famille déménage à Saint-Etienne en 1960, où Muriel Robin suit des études sans conviction, rate son bac à deux reprises et commence, toujours sans conviction, par être vendeuse de chaussures dans la boutique familiale.

Tenaillée par l'envie d'être artiste, elle part à Paris, à 22 ans, pour suivre le Cours Florent et préparer le Conservatoire National d'Art Dramatique, où elle est reçue première. Après trois années de formation, sous la houlette de Michel Bouquet, elle sort lauréate du Conservatoire et... retourne vendre des chaussures à Saint-Etienne !

En 1981, elle rejoint la troupe des Baladins en Agenais dans le Lot-et-Garonne, où elle rencontre Elie Semoun et Annie Grégorio et se partage entre la scène et la comptabilité de la troupe. En 1983, elle remonte à Paris avec Annie Grégorio et elles intègrent l'équipe du Petit Théâtre de Bouvard, qui fait rire la France chaque soir avant le journal télévisé sur Antenne 2.

Elle y côtoie de futures vedettes comme les futurs Inconnus, Mimi Mathy, Michèle Bernier, les futurs Chevallier et Laspallès, Smaïn, Chantal Ladesou, Jean-Marie Bigard, Laurent Baffie, etc.

Philippe Bouvard n'est pas le plus souple des patrons, mais il offre néanmoins à Muriel Robin un rôle dans sa pièce Double Foyer. Avec un autre du Petit Théâtre, Didier Bénureau, elle joue ensuite dans la pièce qu'il a écrite, Maman, ou donne-moi ton linge je fais une machine, qu'ils jouent en 1986 à Avignon, et l'année suivante à Paris au Théâtre de Dix Heures.

Mais ces débuts restent difficiles et il lui faut attendre la rentrée 1987 pour enfin éclater dans une autre émission quotidienne, du même genre : La Classe. Elle y rencontre un jeune comédien auteur qui va être déterminant dans sa carrière, Pierre Palmade. Ils vont ensemble écrire les deux premiers one-woman shows de Muriel Robin, Les Majorettes se cachent pour mourir (1988) et Un point, c'est tout (1989).

Muriel Robin devient une des nouvelles vedettes du genre, avec son spectacle Tout m'énerve, joué à l'Olympia en 1990-1991, puis le duo Bedos/Robin, au même endroit en 1992/1993, qui sont d'énormes succès. Pour diversifier un temps son territoire, elle joue deux pièces de Feydeau en 1994, avec Pierre Richard, et anime une émission, Robin déboise, sur Europe 1, en 1995. En 1996, Tout Robin, qu'elle joue au Casino de Paris, est une sorte de compilation de ses meilleurs sketchs. L'année suivante, sa composition dans Les Visiteurs 2 : Les Couloirs du temps, où elle reprend le rôle créé dans le premier film par Valérie Lemercier, est très remarquée. C'est son premier grand rôle au cinéma, après quelques brèves apparitions. Elle démarre en parallèle une carrière bis en mettant en scène, avec Pierre Palmade, la pièce qu'il a écrite pour lui et Michèle Laroque, Ils s'aiment, qui est nommée aux Molières. Elle coécrit et met en scène la suite, Ils se sont tant aimés. Puis, en 1998, elle met en scène le spectacle d'Elie Semoun, avant de revenir elle-même sur les planches de l'Olympia, puis du Zénith et en tournée avec un nouveau spectacle, Toute seule comme une grande. Lors de la dernière de ce one-woman show, en mai 2000, elle annonce son intention d'arrêter ce type de spectacle pour se consacrer à sa carrière cinématographique.

Elle obtient son premier grand rôle dramatique dans le drame social Marie-Line, de Medhi Charef, qui lui vaut une nomination au César de la meilleure actrice, pour cette interprétation d'une chef sévère d'une unité de nettoyage. En 2004, elle mélange sketchs et music-hall dans Au secours, qu'elle joue jusqu'en 2005 au Grand Rex, à Paris, et en tournée. En 2006, elle retrouve un rôle dramatique à la télévision, avec Marie Besnard, l'empoisonneuse, qui réunit 11 millions de téléspectateurs et lui vaut de remporter l'International Emmy Award de la meilleure performance d'actrice, à New York. Dans cette première décade des années 2000, Muriel Robin prend du recul et s'aère dans des apparitions décalées, comme sa présence récurrente dans Les Enfoirés, ou sa vice-présidence du jury de Miss France en 2006. De façon moins légère, elle s'implique fortement dans la Chaîne de l'espoir pour la création d'un hôpital en Afghanistan, qui ouvre ses portes en 2005. En 2007-2008, elle est à l'affiche avec Line Renaud de la pièce Fugueuses, écrite par Pierre Palmade et Christophe Duthuron, dont la diffusion de la dernière, sur France 2, établit un record avec 8 millions de téléspectateurs.

Elle devient plus rare sur la scène médiatique à la suite de divers drames personnels dont la mort de sa mère, puis on la voit en 2011 dans un film de Christian Clavier, dans un autre de Christophe Honoré, et dans quelques téléfilms dramatiques, la plupart réalisés par Josée Dayan, façon de faire pendant à son grand retour au spectacle scénique, en 2013, avec Muriel Robin revient... Tsoin tsoin. Elle est une intervenante régulière aux Grosses Têtes, sur RTL, et, à l'opposé, obtient un succès phénoménal en interprétant l'héroïne d'un fait divers largement médiatisé, dans Jacqueline Sauvage : c'était lui ou moi, réalisé par Yves Rénier, qui offre à TF1 un record d'audience pour une fiction française avec 7,7 millions de téléspectateurs en 2018.

Le combat contre les violences faites aux femmes ne s'arrête pas là pour elle, puisqu'elle organise et participe en 2019 à de nombreuses manifestations et décrète la fin d'une vieille amitié avec l'humoriste Jean-Marie Bigard à la suite d'une plaisanterie sexiste qu'il a faite dans une émission de Cyril Hanouna. En 2017, elle a joué avec Michèle Laroque une version lesbienne de la pièce à succès et à épisodes Ils s'aiment. C'est que Muriel Robin est devenue une figure de la communauté gay, même si elle a raconté avoir eu des histoires amoureuses avec des hommes aussi bien qu'avec des femmes.

Après une aventure avec la chanteuse Catherine Lara au tournant des années 80-90, elle est en couple depuis 2006 avec la comédienne Anne Le Nen, avec laquelle elle s'est pacsée le 5 décembre 2009.

A l'automne 2018, son autobiographie, Fragile, est saluée par la critique. Elle y révèle avec talent ses doutes, ses moments sombres, ses carences affectives d'enfance, ses soucis de santé, comme cette embolie qui faillit l'emporter en 2016, alors qu'elle était sur scène.