Amélie Nothomb fait sa rentrée littéraire avec Tant mieux, son 34ᵉ roman, un livre-hommage à sa mère. Trente ans de publications ininterrompues, des succès devenus classiques (Stupeur et tremblements, Ni d’Ève ni d’Adam, Soif), un Renaudot pour Premier sang en 2021, bref, la Belge à la silhouette inimitable continue d’arpenter cette zone intime où la fiction se nourrit du vrai. Et, à l’heure de présenter son nouveau livre, elle a choisi de laisser remonter un épisode fondateur de sa jeunesse amoureuse pour le média Les Lueurs. "Je voulais tellement aimer et je me disais toujours mon Dieu, je me souviens d'une phrase qui m'a hantée pendant toutes ces années, c'était : 'Si un jour je trouve quelqu'un qui veut bien m'aimer mais même si c'est le dernier des salauds même si c'est un monstre, je pleurerais de bonheur et je l'aimerais de tout mon coeur'", a-t-elle avoué.
Puis de raconter : "J'ai 21 ans, je vois arriver ce charmant jeune japonais, très beau en plus, je me suis dit moi qui était déjà prête à aimer un monstre et je vois arriver un charmant jeune homme c'était merveilleux". Dès la première phrase, on retrouve la Nothomb de la confession, sans fard. Curieux, son hôte l'a alors questionnée : "Elle a duré combien de temps cette histoire ?". Réponse sans détour de l'intéressée : "Elle a duré deux ans et je ne me suis pas bien conduite". Puis la soeur de Juliette Nothomb de tenter de s'expliquer : "Je suis partie, je me suis enfuie… je ne sais pas très bien pourquoi…". Et la précision chronologique de tomber comme un couperet : "Quelques jours avant le mariage". "Il vaut mieux s'enfuir avant le mariage qu'après… J'ai rendu tous les bijoux, j'ai été parfaite. Je ne peux pas expliquer, je crois que ce jeune homme était trop parfait pour moi, je ne pouvais pas assez m'identifier à lui", a expliqué l'écrivaine.
Ce mercredi 3 septembre, Amélie Nothomb était l’invitée de Télématin pour présenter Tant mieux. Elle s'est notamment inspirée de son enfance, des étés passés avec une grand-mère autoritaire, qu’elle qualifie de "sérial killer de chats" mais de souligner aussi avec émotion que "ce qui est beau c’est que ma mère a aimé sa mère jusqu’au bout". Avec ce livre, Amélie Nothomb s’aventure dans une dimension plus intime, allant jusqu’à écrire à la première personne pour adresser une véritable déclaration d’amour à sa mère. Elle a également confié que l’écriture lui a permis de surmonter un blocage profond face au deuil.
"Ma mère est morte il y a un an et demi. J’ai été incapable de dire que ma mère était morte. Quand mon père est mort, je l’ai fait savoir à tout le monde. Quand ma mère est morte, les mots ne sortaient pas de ma bouche", a-t-elle confié. La douleur était telle qu’elle a préféré taire la vérité pendant de longs mois… "Personne ne le savait. Je mentais. Quand on me demandait, je n’avais pas d’autre chose que de mentir je disais : ‘ça va très bien’. A un moment donné, je me suis rendue compte que je ne pouvais pas faire comme ça jusqu’à la fin des temps. J’ai écrit ce livre pour bien des raisons. Mais aussi pour enfin dire que ma mère était morte", a conclu Amélie Nothomb.

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