





Présente sur le plateau de Laurent Delahousse ce dimanche 11 mai dans 20 h 30 le dimanche, Amel Bent s’est montrée d’une franchise redoutable. Celle qui s’est lancée dans le cinéma à aborder sans détour ce que vivent de nombreuses femmes au quotidien, cette pression invisible qu’elle a elle-même ressentie à de nombreuses reprises. Elle dévoile sans tabou ses propres failles, sa lutte contre les injonctions, et le besoin impérieux qu’elle a ressenti de mettre sur papier ce trop-plein, celui que l’on cache derrière les sourires et les emplois du temps bien remplis.
Dès les premières minutes de l’interview, le ton est donné : Amel Bent ne cache rien. Approchant de la quarantaine, mère de trois enfants et artiste accomplie, elle affirme avoir gagné en maturité, mais aussi en lucidité. Avec Minuit Une, son nouvel album, elle ouvre une nouvelle page de sa carrière, plus franche, plus directe. "Mes textes sont peut-être plus cash parce que je me sens plus légitime à dire certaines choses", confie-t-elle avec simplicité. Loin des artifices, l’artiste assume aujourd’hui ses colères, ses doutes et cette pression qu’elle a longtemps portée sans la questionner.
Parmi les titres marquants de l’album, "Décharge mentale" se distingue. Une chanson née d’un véritable craquage, comme elle le raconte elle-même. "À un moment donné, j’ai craqué", lâche-t-elle, en revenant sur ces instants où l’on sent que tout déborde. Trop de rôles à tenir, trop de cases à cocher. Le burn-out n’est pas loin, même quand on a du succès, même quand on est forte. C’est en noircissant un carnet de pensées, une habitude qu’elle a prise depuis des années, qu’elle a trouvé l’impulsion pour transformer ce poids en mélodie. Une simple to-do list, devenue poème, puis chanson, dans l’espoir qu’elle résonne chez d’autres.
Ce morceau, Amel Bent l’a écrit d’abord pour elle. Pour "se décharger psychologiquement". Mais très vite, elle comprend qu’il pourrait aussi faire du bien aux autres. À toutes ces femmes qui vivent avec cette sensation d’être toujours en retard sur tout, de ne jamais en faire assez, de devoir exceller partout sans jamais craquer. "Il y a des périodes où on a l’impression que l’on ne va pas réussir à cocher toutes les cases. On ne peut pas être partout, on ne pourra pas faire tout bien et on a peur qu’on nous le reproche. Moi en tout cas j’avais peur de ça", admet-elle, la voix posée, mais ferme.
Elle raconte ce moment de prise de conscience : en listant ses obligations, elle réalise que certaines ne lui appartiennent pas, qu’on les lui a imposées ou imposées à elle-même. Et si certaines règles étaient inutiles ? Et si d’autres, on pouvait simplement les envoyer valser ? C’est cette libération qu’elle chante, avec une force tranquille et une honnêteté rare. "Peut-être que je m’impose des choses qui ne sont pas obligatoires. Ou qu’on m’impose des choses que je peux foutre en l’air", souffle-t-elle, comme une permission à désobéir. "Je crois que cette chanson a fait du bien à beaucoup de femmes. À moi en tout cas", conclut-elle, humblement.