Le décès en direct du streamer Jean Pormanove, de son vrai nom Raphaël Graven, continue de bouleverser l’opinion publique. L’homme de 46 ans, connu pour être le souffre-douleur récurrent d’une chaîne sur la plateforme Kick, est mort lundi 18 août dans des conditions sordides, filmées et diffusées devant des milliers d’internautes.
Alors que les hommages affluent, que sa soeur s'est exprimée sur RTL, un geste symbolique a été annoncé : le rappeur canadien Drake, épaulé par le streamer américain Adin Ross, a déclaré qu’il voudrait en charge les frais des obsèques. "Cela ne le ramènera pas, mais c’est la moindre des choses", a écrit Adin Ross, précisant avoir échangé avec l’artiste de 38 ans. Le soutien inattendu de ces figures internationales contraste avec l’inaction des autorités françaises, accusées d’avoir laissé prospérer pendant des mois un véritable spectacle de violences.
Car l’affaire Pormanove est aussi un scandale politique. Comme le rappelle Mediapart, une enquête avait été ouverte dès décembre 2024 par le parquet de Nice après des révélations sur les humiliations infligées en direct à Raphaël Graven et à d’autres personnes vulnérables. Mais malgré des saisines de la Ligue des droits de l’homme ou de l’Arcom, la chaîne incriminée avait pu reprendre ses diffusions, multipliant brimades, coups et humiliations monétisées par des dons.
Aujourd’hui, la justice tente de rattraper le temps perdu. Le parquet de Nice a confirmé l’ouverture d’une enquête pour "recherche des causes de la mort" et autopsie aura lieu jeudi. Les enquêteurs de la PJ passent déjà au crible le matériel saisi en janvier et doivent entendre de nouveau les deux principaux protagonistes, Naruto et Safine, visiblement connus personnellement de Adil Rami. Ces derniers avaient été brièvement placés en garde à vue en début d’année avant d’être relâchés.
L’affaire prend aussi une tournure vertigineuse sur le plan de la régulation numérique. Clara Chappaz, ministre déléguée au numérique, a dénoncé une "horreur absolue" et annoncé avoir saisi l’Arcom ainsi que la plateforme Pharos. Mais, comme le soulignent nos confrères de Mediapart, ces démarches n’interviennent qu’après le drame, alors que plusieurs signaux d’alerte avaient déjà été lancés depuis plus d’un an.
Sur les résaeux, la communauté de spectateurs oscille entre culpabilité et déni, certains reconnaissant avoir "laissé les choses aller trop loin". Le contraste est saisissant : d’un côté, des internautes qui assistaient, passifs, à la lente descente aux enfers de Raphaël Graven ; de l’autre, un rappeur et un streamer étrangers, prenant l’initiative de lui offrir des funérailles dignes.
Au-delà de l’émotion, les prochains jours seront marqués par l’autopsie prévue jeudi et par de nouvelles auditions, étapes clés pour tenter de faire la lumière sur les circonstances de ce drame numérique.
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