À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, la princesse Stéphanie de Monaco a lancé un appel appuyé à la mobilisation. En première ligne depuis des décennies avec Fight Aids Monaco, elle déplore un désintérêt croissant pour un virus qui continue pourtant de circuler… Les dernières données internationales confirment d'ailleurs son inquiétude puisque malgré une baisse de 40 % des nouvelles infections depuis 2010, l’objectif fixé par l’ONU pour 2025 ne sera probablement pas atteint. Loin des discours symboliques, la princesse était ce lundi sur le terrain, entre déploiement des courtepointes en hommage aux disparus et inauguration d’une permanence hebdomadaire de dépistage des IST dans les locaux de son association. Elle en a profité pour accorder une longue interview sur le sujet à nos confrères de Monaco Matin. Pour Stéphanie de Monaco, la banalisation du VIH est devenue alarmante… "Depuis les années 2000, le relâchement est total. Le VIH, on n’en parle plus, que ce soit l’année ou même pendant cette journée mondiale de lutte contre le Sida. C’est un élément qui s’est totalement banalisé. Les gens ne se sentent plus concernés. Et il y a de moins en moins d’associations qui sont là pour la prévention, l’information et l’aide aux personnes vivant avec le VIH", a-t-elle regretté.
Un constat, hélas, renforcé par la chute des financements et la priorité donnée à d’autres causes. Elle a notamment souligné la méconnaissance des progrès médicaux et a expliqué qu'"Avec ce manque d’informations, les individus sont moins informés sur l’avancée des traitements alors qu’aujourd’hui, il existe des traitements qui permettent de ne plus être contaminant" et que "La solution pour éradiquer l’épidémie, on l’a, mais pour ça, il faut que tout le monde y mette du sien". Les chiffres de l’OMS prouvent également que les jeunes Européens utilisent moins le préservatif… une dérive qui préoccupe la princesse. "Remédier, c’est changer la mentalité des gens. Les jeunes et les moins jeunes disent : 'On s’en fout, ça n’arrive qu’aux autres'. Chacun a envie de faire comme il veut et être indépendant... mais non ! Il faut prendre ses responsabilités. On le voit, il y a une hausse des maladies sexuellement transmissibles qu’il n’y avait plus il y a quelques années. Il y a bien un souci", s'est-elle alarmée. Chaque année, les courtepointes déployées à Monaco rappellent ceux qui ont perdu la vie du Sida, une tradition à laquelle la princesse reste très attachée et pour laquelle elle a été accompagnée, cette année, de Camille Gottlieb, sa fille. La soeur de Caroline et d'Albert de Monaco a précisé à nos confrères : "C’est pour ne pas oublier que les gens qu’on a accompagnés, ou qui ont eux-mêmes accompagné, ont perdu la vie. Mais ce sont des gens qui ont besoin de retrouver leur dignité, c’est important de se souvenir et les accompagner. Ça nous montre pourquoi on fait ça. Pour qu’on ait de moins en moins de courtepointes à faire".
Avec l’ouverture d’un centre de dépistage directement dans les locaux de Fight Aids Monaco, l’objectif est clair. "On a voulu faire aussi, pour les personnes qui ont encore peur du regard des autres quand ils rentrent dans un centre de dépistage, un endroit plus rassurant dans les locaux de Fight Aids. Avec nos équipes qui sont formées au dialogue avant et après le test", a indiqué la princesse. Mais cette dernière de rappeler que le dépistage rapide par TROD a ses limites : "Si vous avez eu un comportement à risque la veille, il faudra plutôt se diriger vers le CHPG. Je veux redire qu’il n’y a aucune honte à se faire dépister. Bien au contraire. Cela montre qu’on est responsable et qu’on veut connaître son statut sanitaire. Il faut arrêter la discrimination des personnes qui vivent avec le VIH". Pour Stéphanie de Monaco, l’ambition de l’ONU pour 2030 reste atteignable, à condition d’un engagement mondial réel… Elle a assuré que "C’est réalisable si tout le monde se fait tester et que ceux qui sont positifs entrent dans un processus de traitement. Les nouveaux traitements empêchent d’être contaminants. Donc on peut éradiquer l’épidémie mais il faut des fonds, il faut que les laboratoires baissent les prix... il y a plein de paramètres à considérer". Une longue bataille…
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