Anne-Sophie Jahn est une des co-réalisatrices du documentaire De rockstar à tueur : le cas Cantat, disponible sur Netflix, plateforme où cette mini-série rencontre un grand succès. Depuis des années, la journaliste est devenue une sorte d'experte de l'affaire Cantat. Elle s'est rendue à Vilnius où Marie Trintignant a subi les coups de Bertrand Cantat - elle en est décédée en 2003 -, a dormi dans l'appartement qui se situe au-dessus de celui où s'est déroulé le drame, a enquêté longuement sur l'affaire et plus globalement sur le chanteur.
Si le documentaire permet de voir comment le regard sur l'affaire Cantat-Trintignant a évolué - le leader de Noir Désir est passé de l'artiste maudit qui comment un crime passionnel à celui de meurtrier -, il a mis aussi en lumière la violence du chanteur envers les femmes. Car Marie Trintignant n'est pas la seule qui souffert de sa violence. Il y a eu aussi Krisztina Rády, la mère des enfants de Bertrand Cantat qui s'est donnée la mort en 2010 - c'est d'ailleurs leur fils qui a découvert le corps.
Dans le documentaire, on apprend aussi que d'anciennes petites amies de Bertrand Cantat auraient aussi subi des violences. La journaliste rappelle son enquête publiée en 2017 dans Le Point, sur "l'omerta" autour de Bertrand Cantat. Anonymement, un des quatre membres de Noir Désir y avait affirmé que Krisztina Rády avait menti au moment du procès du chanteur afin que ses enfants ne découvrent pas "que leur père était un homme violent". "Nous avons tous décidé de mentir. Nous étions tous sous son emprise", expliquait le membre du groupe. Dans De rockstar à tueur : le cas Cantat, la journaliste explique aussi que ce membre de Noir Désir a déclaré que "évidemment Bertrand Cantat a été violent avec Krisztina Rády avant la mort de Marie Trintignant". Il a même cité deux des petites amies du chanteur qu’il aurait battues avant elle. En 1989, Cantat aurait "essayé d’étrangler" une d'entre elles.
Combien de femmes ont-elles été victimes de Bertrand Cantat ? Cette question hante Anne-Sophie Jahn. "Certaines de ses ex-compagnes n'ont jamais témoigné, ni à la police ni à personne. Il y a au moins trois noms qui reviennent. Peut-être qu'elles n'ont pas été victimes, mais elles n'ont jamais dit que ce n'était pas vrai. Elles ont juste refusé de parler", déclare-t-elle pour Le Point.
Du côté du rockeur, c'est le silence total. La journaliste a pourtant essayé maintes fois de le contacter. Elle explique : "Pour tous mes articles, je l'ai contacté via son avocat et sa maison de disques, mais il a refusé de répondre. J'avais même envoyé mes questions à l'avance, des questions très simples : Avez-vous été violent avec Marie Trintignant ? Avec une autre femme ? Comment expliquez-vous le message téléphonique de Krisztina Rady, et les témoignages ? Rien de piégeux, juste des faits. Il a refusé en exigeant que je lui donne les noms des témoins avant d'envisager une réponse. Ce qui, d'une certaine manière, ressemble déjà à un aveu… Mais il n'a jamais répondu, ni à l'époque ni plus tard, quand je l'ai recontacté pour mon livre."
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