Octobre 2010. L’équipe du film Les Petits Mouchoirs, réalisé par Guillaume Canet, fait le tour des radios et des télés pour en assurer la promotion. Parmi la flopée de stars dont s’est entouré celui qui ne vit plus en couple avec Marion Cotillard pour son film : François Cluzet et Valérie Bonneton. À l’écran, ils incarnent un couple compliqué. Lui, Max, est un homme stressé et maniaque, incapable de profiter de ses vacances tant il s’angoisse pour tout et rien. Elle, Véronique, plus libre et spontanée, perd patience face à ses obsessions et ses colères. Leurs chamailleries dessinent le portrait d’un couple usé, encore uni mais au bord de la rupture…
Au lancement du film, chacun croit que ce couple de cinéma est encore un couple à la ville. Depuis treize ans, François Cluzet partage en effet la vie de Valérie Bonneton. Ils ont deux enfants ensemble, Joseph, né en 2001, et Marguerite, en 2006. Mais ce que personne n’imagine, c’est que cette idylle appartient déjà au passé. En pleine tournée promo, l’acteur choisit d’en faire la révélation.
Invité de l’émission Café Culture sur Europe 1, il reçoit les compliments d’une chroniqueuse enthousiaste : "Vous avez un rôle royal, vous emportez le morceau. Et Valérie Bonneton est phénoménale. Vous deux à l’écran, on a presque envie de dire : si seulement ils étaient ensemble dans la vraie vie, ça serait épatant. Je précise que vous êtes mariés." François Cluzet, un instant silencieux, finit par rectifier : "Je précise, au risque de vous décevoir, que non seulement on n’est pas mariés, mais qu’on est séparés." Silence en studio. Et de poursuivre : "Oui. Ça n’empêche qu’on puisse jouer ensemble, on l’a fait plusieurs fois… Et on se retrouve là puisque Guillaume voulait nous réunir en tant que mari et femme."
L’acteur a alors 55 ans et porte déjà un lourd passé. Pendant longtemps, il a mené une vie de bohème, happé par des nuits alcoolisées et sans fin aux côtés de copains comme Jacques Villeret et Niels Arestrup : "Je fréquentais une bande de nuiteux… On attendait que les choses viennent à nous, en faisant tout pour qu’elles n’arrivent pas. Rétrospectivement, je me dis que cela a été une façon de m’anesthésier devant un succès que je n’assumais pas. Je pensais que cette vie-là allait durer deux ou trois ans. Elle a duré vingt ans", confiera-t-il à Paris Match en octobre 2011 en révélant ne plus boire désormais que de l’eau.
Le passé amoureux du comédien est lui aussi douloureux, marqué au fer rouge par son histoire avec Marie Trintignant. Ils ont vécu ensemble cinq ans, donné naissance à un enfant, Paul en 1992, avant de se séparer. Pourtant, les liens entre eux n’ont jamais été rompus. Jusqu’au drame de Vilnius. "Nous étions restés très proches et sa mort a été un cataclysme. Je ne pardonnerai jamais le mal qui a été fait à autant de personnes par un seul individu", avait-il déclaré à Match à propos de Bertrand Cantat.
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C’est donc un célibataire, usé de surcroît par la vie, qui se retrouve un soir du printemps 2010 au bar de l’hôtel Carlton, à Cannes où il lui arrive de se rendre régulièrement, hors saison. Lors de ses dernières venues, il a remarqué la présence dans l’hôtel d’une personne qui lui plaît. Une ravissante brune. "Une femme magnifique que je trouvais beaucoup trop belle pour moi, le valet de comédie d’1,75 mètre…", glisse-t-il à Paris Match, en se moquant de lui-même. Cette femme, c’est Narjiss Slaoui-Falcoz. Ce n’est pas une cliente. Elle est la directrice de la communication de l’établissement. Ce soir-là, autour d’un coca, dans l’intimité feutrée du bar du palace, la vie de l’acteur va basculer. Deux heures durant, l’acteur et la sublime employée de l’hôtel discutent. François se souvient s’être interrogé : "Est-ce que ce n’est pas trop tard pour aimer ? Je n’y croyais plus."
Née dix ans après lui, en septembre 1965 et ayant grandi au Maroc, Slaoui-Falcoz a étudié à Casablanca et décroché un diplôme de gestion touristique et hôtelière. Après plusieurs expériences dans l’hôtellerie de luxe, elle a pris la direction de la communication du Carlton à Cannes, poste qu’elle occupera jusqu’en 2012. Depuis, pouvait-on lire sur son profil LinkedIn, elle a fondé sa société de conseil en image, AdN, et travaille comme consultante indépendante. Une femme discrète, qui a choisi de bâtir sa propre réussite, loin des caméras.
En juin 2015, François Cluzet revenait sur ce coup de foudre et sur ce que Narjiss a changé dans sa vie. Dans les pages de Paris Match, il résumait : "J’ai eu la chance de réaliser deux rêves d’enfant en même temps : trouver le grand amour et connaître un grand succès professionnel". Il racontait avoir rencontré Narjiss six mois avant le tournage d’Intouchables, alors qu’il se pensait "déjà trop vieux pour aimer""... Et il avait tort.
"Pour elle, j’aurais fait n’importe quoi. Je l’aurais suivie partout. J’étais prêt à quitter Paris pour m’installer à Cannes ou au Maroc, son pays d’origine. J’étais prêt à laisser tomber le métier, aussi", confiait-il. À travers elle, l’acteur dit avoir retrouvé une stabilité et une confiance en lui qu’il n’avait jamais connues : "Je lui dois d’être devenu celui que je suis aujourd’hui. Ma femme m’a emmené vers un bonheur que je pensais inatteignable."
“Ma femme”, oui, car entre-temps, en 2011, François Cluzet et Narjiss se sont mariés. Pas de grand raout mais une cérémonie intime dont l’acteur vient tout juste de raconter la genèse dans On a du nouveau le mardi 2 septembre sur la nouvelle chaîne Novo 1 : "J’étais dans un sauna, je me suis pris en photo, ridicule, et je lui ai envoyé avec ce mot : “Est-ce que tu veux m’épouser ?”" (Gala, 2025). Elle avait éclaté de rire, et dit oui.
"J’adore voyager, partir à moto avec elle" confie François Cluzet
Depuis, les deux amoureux ne se quittent plus. Qu’il s’agisse d’un tapis rouge, d’une avant-première, ou d’une soirée, François Cluzet apparaît toujours au bras de celle qui lui a redonné le goût d’aimer quand il n’y croyait plus. "J’ai la chance d’habiter dans le Midi avec une femme que j’aime. J’adore voyager, partir à moto avec elle", confiait-il au Journal du dimanche en janvier dernier. À peu près au même moment, il lançait à Léa Salamé sur le plateau de Quelle Époque !: "Je suis fou amoureux de ma femme". Pas de doute, à 70 ans, qu'il fête ce 21 septembre, l’homme qui se pensait trop vieux pour aimer vit aujourd’hui la plus belle des secondes vies.
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