






Depuis décembre 2022, la vie d’Alex Lutz a changé. Quelques jours avant Noël, le comédien et humoriste perdait son père, Gérard. Une disparition discrètement annoncée sur Instagram avec une légende bouleversante : "Papa, tu viens de nous quitter aujourd’hui. Je te chercherai dans tous les ciels. Dans tout ce qui me dira que tu es là. Je t’aime".
Deux ans plus tard, c’est sur la scène du Cirque d’Hiver que l'humoriste choisit d’en parler. Son nouveau spectacle, présenté jusqu’au 27 avril puis en tournée, est un voyage introspectif teinté de poésie, d’humour et de chagrin. "J’ai perdu mon papa il y a deux ans et je me rends compte que ça a modifié beaucoup de choses en moi", confiait le mari de Mathilde Vial dans Nice-Matin en février dernier.
Mais plutôt que de livrer un récit pesant, Alex Lutz le transforme en matière artistique. Dans Sexe, grog et rocking-chair, ce dernier campe un personnage empêché, bloqué derrière une porte vitrée, coincé dans un cauchemar d’artiste paralysé. Puis, peu à peu, les mots prennent leur envol, portés par son fidèle destrier Nilo, un cheval blanc avec lequel il partage des moments suspendus sur scène comme le rapporte Le Parisien.
Au cœur de ce spectacle se dessine peu à peu la figure paternelle, et surtout ses fêlures. Gérard, son père, était "dépressif profond" et atteint du syndrome de Diogène, un trouble caractérisé par une accumulation excessive d’objets et un déni de l’insalubrité. Souvent tourné en dérision, ce trouble a notamment fait l'objet de nombreuses émissions dans lesquelles les caméras se rendaient chez des personnes atteintes. En France, on estime qu'une personne sur 2 000 serait touchée par ce syndrome.
Sur scène, cela se matérialise par un énorme tas d’affaires : "Lutz déroule son texte en évoluant autour de ce tas d’affaires, amas rond au centre duquel il accède parfois, se dressant tel un DJ à sa table", raconte le quotidien.
À travers cette montagne de souvenirs et de bric-à-brac, c’est toute la vie du père que le fils tente de démêler. Les objets deviennent des symboles : espoirs, douleurs, déceptions, rêves de jeunesse et solitude accumulée. Gérard, avec sa vie "en biais", est resté une énigme, mais aussi une source d’amour immense.
Celui qui a quitté Paris pour la Loire rend hommage à cet homme cabossé avec tendresse et lucidité. "Pas un jour évidemment sans que je pense à toi", murmure-t-il dans une séquence poignante, avant d’ajouter : "J’aimais bien avec ta vie en biais ton regard de travers, et avec ta vie de travers, j’aimais bien ton regard en biais"
L’héritage n’est pas matériel, il est émotionnel, fait de blessures à panser et d’affection durable. En vidant la maison de son père, Alex Lutz ne fait pas que trier des objets. Le comédien de 46 ans remet de l’ordre dans une histoire filiale marquée par l’absence, la honte, parfois, mais surtout l’amour.