Pour son nouveau film, l'acteur-réalisateur Mathieu Kassovitz a choisi un sujet délicat et encore vif dans les mémoires : le drame de la grotte d'Ouvéa qui s'est produit en Nouvelle-Calédonie en 1988. Sous le titre de L'Ordre et la morale, ce long métrage dont le tournage se prépare provoque déjà des polémiques.
Le député UMP et président de l'Assemblée de la Province sud de Nouvelle-Calédonie, Pierre Frogier, a manifesté sa colère à travers un courrier qu'il a adressé à Gaston Tong Sang, président de la Polynésie française. L'homme politique s'insurge contre l'aide apportée par Papeete, capitale de l'Archipel, au tournage du film du réalisateur de La Haine.
"C'est avec regret que j'apprends que la Polynésie française a accepté d'accueillir le tournage du film L'Ordre et la morale relatant les événements d'Ouvéa de 1988 et que votre gouvernement a décidé de subventionner cette production", déclare-t-il dans sa lettre publiée par Les Nouvelles de Tahiti. Il rappelle que la situation est fragile dans cet archipel et que la population, notamment celle d'Ouvéa, avait montré ses réticences à ce tournage.
L'affaire d'Ouvéa a eu lieu le 22 avril 1988. Des indépendantistes kanaks (populations autochtones de Nouvelle-Calédonie) ont attaqué un poste de gendarmerie de Fayaoué, et tué quatre gendarmes. Les indépendantistes ont ensuite pris en otage vingt-sept gendarmes dans une grotte. Le 5 mai 1988, trois jours avant le second tour des élections présidentielles françaises, cette prise d'otages s'achève sur un affrontement violent : un total de dix-neuf preneurs d'otages et deux militaires sont tués.
Mathieu Kassovitz avait expliqué en mai que les Calédoniens lui avaient demandé de ne pas faire le film chez eux. "Ils ont subi cette tragédie et c'est encore trop proche", avait-il déclaré. Au final, le tournage devra durer deux mois et se déroulera essentiellement sur le petit atoll d'Anaa, dans l'archipel des Tuamotu, mais également à Tahiti et à Rurutu aux Australes. Le réalisateur incarnera l'un des rôles principaux au côté de Sylvie Testud.