Le conflit entre Elie Chouraqui et Pascal Obispo, deux figures majeures de la comédie musicale en France, s’achève après près de vingt ans de bataille judiciaire autour des droits d’auteur du spectacle à succès Les Dix Commandements. En effet, comme le rapportent nos confrères de L'Informé, la cour d’appel de Paris a définitivement rejeté l’appel de Chouraqui, mettant un terme au litige qui opposait le metteur en scène et coauteur à l’interprète et compositeur. Tout avait pour tant très bien débuté. En 2000, le duo a connu un succès retentissant avec cette comédie musicale qui a rassemblé à l'époque près de 1,8 million de spectateurs et vendu 1,6 million d’albums. La production, portée par la société 7 Art détenue majoritairement par Chouraqui, réunissait également Kamel Ouali à la chorégraphie, Sonia Rykiel pour les costumes, ainsi que les paroliers Lionel Florence et Patrice Guirao. Mais les relations ont rapidement tourné au vinaigre.
En 2004, Chouraqui a cessé de transmettre les données commerciales et comptes à Obispo, hospitalisé il y a quelques mois. Ce dernier a alors résilié le contrat en 2007, interdisant au passage à Chouraqui d’exploiter les chansons. Depuis, les deux protagonistes ont multiplié les procédures judiciaires, l’un contestant les droits de l’autre sur différentes reprises du spectacle. En 2023, Obispo a annoncé une nouvelle version intitulée Les 10 Commandements - L’Envie d’aimer, qu’il présentait comme une version modernisée visant à "faire découvrir à toute cette génération qui chante uniquement L’envie d’aimer sans connaître le spectacle, toute cette histoire". Ce projet a provoqué la colère de Chouraqui, qui a dénoncé sur C8 "un pillage" et "une tentative de spoliation", reprochant à son ancien camarade de s’approprier "tout ce que j’ai fait, et aussi ce qu’a fait Kamel, Sonia Rykiel, et Giantito Burchiellaro", toujours selon L’Informé.
Néanmoins, en janvier 2024, le tribunal a estimé que la trame narrative n’était pas originale et donc non protégée, tout en reconnaissant une empreinte de Chouraqui, qui s'était exprimé sur Richard Berry il y a quelques années, dans la mise en scène. Mais il a validé le fait qu’Obispo présentait son spectacle comme une "nouvelle version" avec une mise en scène et des chorégraphies inédites. Au final, Chouraqui a été débouté et condamné à verser 35 000 euros, dont 10 000 pour dénigrement via les médias et réseaux sociaux.
Dans les colonnes du Parisien, face à cette défaite, Chouraqui avait annoncé un appel "ahurissant" qu’il qualifiait d’"incomplet, incohérent, incompréhensible" selon son avocat, Me Charles Morel. Finalement, cet appel n’a jamais été examiné, car l’avocat a déposé ses conclusions hors délai, ce qui a conduit la cour à déclarer l’appel caduc en avril 2025. "C’est un désistement, nous avons renoncé à l’appel. Elie Chouraqui n’a pas souhaité poursuivre, il voulait passer à autre chose", a expliqué l'avocat du réalisateur et scénariste.
Quelques semaines avant la dernière représentation de la tournée de L’Envie d’aimer le 31 mai 2025 à Lille, le dossier est désormais clos. Pour Me Jean-Marie Guilloux, avocat d’Albert Cohen, producteur du spectacle, "ils ont beaucoup communiqué, sont passés à la télévision, à la radio, ont utilisé les réseaux sociaux, pour finalement échouer sur toute la ligne. Est-ce que ça en valait la peine ? C’était finalement beaucoup de bruit pour rien", peut-on lire dans L'Informé.
Pascal Obispo et Elie Chouraqui viennent-ils finalement de clore un feuilleton judiciaire vieux de plus de 20 ans ? La réponse est oui !
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