





Le 8 janvier 2017, sur son fil Twitter (devenu X aujourd’hui), Yannick Noah annonce une bien triste nouvelle à ses milliers d’abonnés. "Ce dimanche matin à Yaoundé, Zacharie Noah nous a quittés paisiblement dans son sommeil. Il est parti entouré de toute sa famille." En révélant la disparition de son père, le sportif prenait symboliquement le relais familial. S’ensuit l’installation à Yaoundé et la reprise en main de la direction du village d’Etoudi, un quartier de la ville transformé en ce que tout le monde appelle là-bas le "village Noah". Piscine, terrains de tennis, complexe hôtelier haut de gamme, Zacharie avait mis tout son cœur dans ce projet que Yannick récupérait non sans fierté.
Cinq ans plus tard, en 2022, Yannick Noah recevait les journalistes de Brut à Etoudi et leur faisait le tour du propriétaire. "C’est là que j’ai grandi. Et les premières années où j’ai habité ici, on allait chercher de l’eau en bas, se souvenait l’ex-compagnon d’Isabelle Camus. Je suis parti d’ici quand j’avais 12 ans, donc j’étais un petit môme. Je jouais au tennis, j’allais suivre mon destin. Je revenais de temps en temps et là, tout d’un coup, j’ai eu comme un appel."
La disparition de Zacharie aura l’effet d’un électrochoc pour Yannick Noah qui rentrait illico au pays. "J’ai envie de protéger la terre qui est ma terre, qui est la terre de mes ancêtres, annonçait le jeune papa sur Brut. Je le fais pour mes enfants, pour mes petits-enfants. Au moins, je leur laisserai ça. Ce ne sera pas juste un trophée dans une vitrine ou des souvenirs."
Qualifiant le retour à Yaoundé de son papa de "rêve fou", Yannick Noah ne cachait pas quelques difficultés pour s’adapter à ce nouveau quotidien. "Je n’aurais pas pu venir il y a trois ans, ce n’était pas le moment… mais là, tout d’un coup, c’était le moment. Voilà, c’est ici que je dois être. C’est mon destin d’être ici, annonçait le fier porteur de la flamme olympique lors des derniers JO à Brut. Déjà, j’étais considéré comme le chef en devenir. Donc quand papa est parti, automatiquement… Tout d’un coup, tu deviens chef du village. Il a fallu que je me remette à apprendre, à comprendre au minimum le dialecte local. C’est une vraie responsabilité, mais je suis un bagarreur."
La ténacité du "bagarreur", pour un sportif de haut niveau comme Yannick Noah, ça coule dans les veines… En revoyant le mini-documentaire de Brut, on pourrait croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes dans ce village paradisiaque camerounais. Une idée vite effacée à la lecture d’un reportage diffusé un an plus tard par le quotidien Le Monde. Une immersion dans le "village Noah", sans Yannick Noah, mais avec quelques acteurs locaux. L’occasion d’apprendre que le tennisman est un "redoutable homme d’affaires, à la tête de plusieurs entreprises dans divers domaines (divertissement, immobilier, sport…), qui fourmille d’idées".
La reprise du village lui coûte très cher. Devenu président du conseil d’administration du Vent d’Etoudi (club de football de deuxième division), Yannick Noah n’hésite pas à mettre la main à la poche. "Je suis allé le voir en février, car pour soutenir un club de football, il faut avoir les moyens. Trente minutes plus tard, il était d’accord, raconte Akini Benoît, administrateur de l’équipe de football en question. Les joueurs et les accompagnateurs ont désormais des équipements, le club a un siège et les travaux d’aménagement du stade ont débuté. Une infrastructure de 2 000 places environ qui permettra au club de générer des recettes. C’est financé exclusivement par Yannick. Il a déjà déboursé 120 millions de francs CFA (environ 190 000 € NDLR)."
"Complexe hôtelier, planté dans un décor de carte postale, avec ses jardins verdoyants, sa fontaine de cascades et ses bungalows aux toits de paille", le village Noah "compte pas moins de trois courts de tennis, un terrain de pétanque, un terrain de basket, une piscine…" De quoi faire grimper la facture au niveau de l’entretien. Souhaitant continuer à développer le domaine, Yannick Noah a connu quelques coûteuses déconvenues… "Il a perdu des millions de francs CFA dans un projet de construction d’un complexe sportif avorté, et a vécu une expérience similaire dans la construction des logements de luxe, révèle un proche du sportif au Monde. Malgré tout ça, il n’abandonne jamais. Il continue de chercher la solution. C’est l’une de ses belles qualités."
Même son de cloche du côté du tennis club où un ami d’enfance souligne que Yannick Noah finance les stars de demain. "Il offre des équipements, finance les jeunes joueurs comme la jeune pépite Uma Bogso, qui se trouve aujourd’hui dans l’un des plus grands centres de tennis de France, annonce Michel Fondjo, ami d’enfance du joueur de tennis. Il habille gratuitement depuis deux ans tous les athlètes de l’Oyebog Tennis Academy avec les équipements du Coq sportif (équipementier historique de Yannick Noah NDLR)."

"C’est une vraie responsabilité, mais je suis un bagarreur", déclarait Yannick Noah à Brut en leur faisant visiter son village-héritage. En ce 18 mai 2025, jour de son 65e anniversaire, la star du tennis a amplement de quoi se poser au bord de la piscine du domaine, respirer un grand coup et contempler fièrement son petit paradis (tout en se félicitant du parcours accompli).