Biographie
- Naissance : 11 novembre 1934
- Âge : 89 ans
- Signe astrologique : Scorpion
- Résidence : France
On aurait tort de n'appréhender Nadine Trintignant qu'en mère éplorée de sa fille assassinée, Marie, morte sous les coups de Bertrand Cantat. Elle a été une réalisatrice reconnue, une féministe engagée et une auteure prolifique.
Nadine Marquand naît à Nice le 11 novembre 1934. Sa famille est déjà marquée par le cinéma puisque ses parents sont comédiens et ses frères, Serge et Christian Marquand, sont tous deux également acteurs, Christian ayant effectué une riche carrière internationale et été un ami très proche de Roger Vadim et de Marlon Brando. Nadine Marquand a elle aussi une envie dévorante de faire du cinéma, mais dans l'après-guerre, les femmes ne sont pas les bienvenues ailleurs que devant l'objectif de la caméra. Par contre, elles sont souvent monteuses et Nadine débute sa carrière comme stagiaire au Laboratoire de Tirage Cinématographique.
Elle débute au montage de Du Rififi chez les hommes (1955) réalisé par Jules Dassin avec Robert Hossein. Elle va ensuite figurer comme monteuse au générique de films comme Si Paris m'était conté (1956) de Sacha Guitry, Une Parisienne (1957) avec Brigitte Bardot, Une vie (1958) d'Alexandre Astruc avec son frère dans le premier rôle masculin, L'Eau à la bouche (1960), Léon Morin prêtre (1961) de Jean-Pierre Melville avec Jean-Paul Belmondo, Le Coeur Battant (1961), où elle rencontre Jean-Louis Trintignant et Le Petit Soldat (1963) de Jean-Luc Godard avec Anna Karina.
Après un court métrage, Fragilité, Ton nom est femme (1965), elle se lance dans la réalisation en 1967 avec Mon amour, mon amour, qui est sélectionné à Cannes et réunit Jean-Louis Trintignant, Michel Piccoli et Valérie Lagrange. Dès ce premier film, elle définit le territoire de son cinéma : les rapports de couple, de famille (là, il est question d'un avortement). Elle sera aussi la scénariste de tous ses films.
Après Le Voleur de crimes (1969), elle obtient son premier succès avec Ca n'arrive qu'aux autres (1971), avec Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni, un couple qui doit faire face à la mort d'un enfant. C'est sur ce film que l'actrice française et l'acteur italien vont lier leurs destins, mais c'est aussi un hommage à Pauline, la fille de Nadine et Jean-Louis Trintignant (désormais mariés depuis 1961 et parents de Marie, née en 1962, Pauline, née en 1969, et Vincent, né en 1973), décédée à 9 mois en 1969, et dont elle utilise des images de famille dans le film.
En 1973, elle s'essaye au genre policier avec Défense de savoir, qui réunit Jean-Louis Trintignant, Michel Bouquet, Charles Denner et Bernadette Lafont. Elle co-écrit et dialogue ce film avec Alain Corneau. Elle revient au drame conjugal avec Le Voyage de noces (1976), avec à nouveau son mari et la jeune Nathalie Baye. Elle écrit aussi un rôle pour son frère Serge et son jeune fils Vincent. On le retrouve avec sa soeur Marie dans Premier voyage (1980), une sorte de road movie familial.
Les problématiques liées à la famille et la paternité restent le socle de ses films suivants, L'été prochain (1985) avec Philippe Noiret et Claudia Cardinale, La Maison de jade (1988) avec Jacqueline Bisset et Vincent Perez. Elle travaille également dans la même veine pour la télévision, où, après avoir réalisé un épisode de Madame le juge (1976) et d'autres du Tiroir secret (1986) et Qui c'est ce garçon ? (1986), elle signe des téléfilms comme Une mère (1992) et Lucas (1993). Dans Rêveuse jeunesse, un téléfilm de 1994, elle fait jouer sa fille Marie, ses petit-fils Roman Kolinka (que Marie a eu avec le batteur de Téléphone, Richard Kolinka) et Paul Cluzet (qu'elle a eu avec l'acteur François Cluzet), son frère Serge Marquand et Chiara Mastroianni, qu'ont eue Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni après leur rencontre sur son film Ca n'arrive qu'aux autres. Nadine Trintignant est définitivement une femme pour qui la famille est le moteur de la vie et de l'inspiration.
Divorcée de de Jean-Louis Trintignant, elle est désormais la compagne d'Alain Corneau, qu'elle épousera en 1998, après des années de vie commune. Elle participe également à des projets collectifs comme Contre l'oubli (1991) pour Amnesty International et Lumière et compagnie (1995) pour les 100 ans du cinéma. Fugueuses (1995), avec Marie Trintignant, est une sorte de thriller psychologique et elle va désormais se consacrer au petit écran, avec L'Insoumise (1995), toujours avec sa fille, et Jean-Louis Trintignant, Victoire ou la douleur des femmes (1999), avec à nouveau Marie et qui évoque encore la question de l'avortement. En 1971, Nadine Trintignant avait fait partie des signataires du Manifeste des 343, publié dans Le Nouvel Observateur, appelant à la légalisation de l'avortement.
Pour la télévision elle réalise encore L'Ile bleue (2001) et Colette, une femme libre (2004). C'est sur le tournage de ce dernier téléfilm, à Vilnius, en Lituanie, que survient le drame qui va à nouveau marquer sa vie, quand Bertrand Cantat, le compagnon de sa fille Marie, qui interprète Colette, la roue de coups jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Depuis cet événement largement médiatisé, qui l'a vue dans les médias exprimer sa douleur et sa rage, Nadine Trintignant a abandonné la caméra pour se consacrer à l'écriture. Elle avait déjà sorti trois romans, quand elle publie Ma fille, Marie en 2004, une biographie de l'actrice. Puis elle écrit sa propre biographie, J'ai été jeune un jour (2006), suivie d'Une étrange peine (2007), un recueil de nouvelles inspirées par le drame. Elle va ensuite publier deux romans, mettre en scène une pièce de théâtre, Ce soir, j'ovule (2010), et publier un récit, La Voilette de ma mère (2014).
Le 30 août 2010, elle perd son mari, le réalisateur Alain Corneau, et fait à nouveau parler d'elle en 2019 en soutenant son confrère Roman Polanski à la suite d'une nouvelle accusation de viol qui le vise.