Alors que la fortune de milliardaires, comme Elon Musk ou Mark Zuckerberg, a vacillé ces derniers mois, un homme fait figure d’exception : Warren Buffett. Seul parmi les dix plus riches du monde à avoir vu son capital augmenter depuis le début de l’année, le patriarche de la finance continue de surprendre. Pourquoi lui, et pas les autres ? Mary Buffett, ancienne belle-fille de l’investisseur et coauteure de plusieurs ouvrages sur lui, apporte une réponse simple : "Il suffit de regarder les compagnies dans lesquelles il a investi. Il a choisi des entreprises qui, au fil du temps, vont continuer à enregistrer de bons résultats. Des sociétés comme Coca-Cola ou Apple ne s'effondreront pas de sitôt, pas vrai ?"
Là où d'autres parient sur l’innovation ou les technologies risquées, Buffett reste fidèle à une stratégie basée sur les valeurs solides et durables. Cette approche, patiente et rationnelle, lui a permis de bâtir une fortune estimée à 156,9 milliards de dollars, tout en vivant dans une sobriété presque déroutante. "Warren n'a jamais aimé les excès. Il est brillant, se contente de peu. Il se moque des maisons, des voitures, de toutes ces choses que les gens achètent. Il est juste heureux d'avoir son confort", explique Mary Buffett. Depuis soixante-huit ans, il vit dans la même maison à Omaha, dans le Nebraska. Pas de jet privé tape-à-l’œil ni de résidences à travers le monde : seulement un quotidien calme, à l’image de son caractère.
"Les enfants ont toujours su que la fortune de Warren irait à sa fondation"
Mais au-delà de ses investissements, Warren Buffett reste profondément attaché aux siens. "La stabilité, l’amour. Il y a si peu de personnes dont il est vraiment proche que sa famille est très importante pour lui", poursuit Mary. C’est dans ce même esprit qu’il a annoncé vouloir donner 99 % de sa fortune à sa fondation à sa mort – une décision que ses enfants ont toujours connue. "Les enfants ont toujours su que la fortune de Warren irait à sa fondation. Ils seront d'ailleurs très impliqués dans cette organisation, qu'ils dirigeront. D'une certaine façon, c'est comme si la fortune leur revenait, à eux."
Ce détachement vis-à-vis de l’argent n’a jamais empêché Buffett de bâtir un empire. Mais il l’a fait à sa manière. David Clark, qui a cosigné neuf livres avec Mary Buffett sur le parcours de l’homme d’affaires, le résume ainsi : "Warren n’a rien inventé. Il n’est pas Bill Gates ni Jeff Bezos. Il a juste acheté des actions, investi dans des entreprises, et tout créé à partir de zéro. Mais il serait aujourd’hui la personne la plus riche du monde s’il n’avait pas donné autant d’argent à des causes caritatives. Il n’y aura jamais plus d’investisseurs comme lui. C’est un phénomène."
Dans un univers économique dominé par les fluctuations, les coups d’éclat et les fortunes aussi volatiles que les cryptomonnaies, Warren Buffett incarne une autre voie : celle de la constance, de la prudence et d’une forme de sagesse. Et peut-être aussi, discrètement, celle du bonheur.
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