"Entre les études et la programmation, l’oiseau de nuit demeure parfois éveillé jusqu’à 36 heures d’affilée." Cette phrase, tirée du magazine Point de Vue du 19 février 2025, résume à merveille le tempérament d’un jeune homme qui allait changer le monde en troquant ses nuits contre ce que l'on appelle plus communément le "coding". Car oui, Bill Gates, c’est l’histoire d’un cerveau, incapable de lever le pied, même lorsqu’il n’avait rien à prouver.
Dans son autobiographie Code source - Mes débuts, publiée en février dernier, le fondateur de Microsoft revient sur ses jeunes années. Celles d’un étudiant obsédé par la programmation et les machines. À Harvard, il suivait les cours de mathématiques, de chimie et de grec ancien - mais son esprit vagabondait ailleurs, du côté des laboratoires où trônait le PDP-10, un ordinateur que l’université venait d’acquérir. Là, il pouvait passer plus d’une journée entière, les yeux rivés sur l’écran, à jongler avec des lignes de code pendant que les autres dormaient. L’expression "nuit blanche" prenait alors tout son sens.
Ce goût pour le dépassement, celui qui a marié l'un de ses filles en 2021 ne l’a jamais perdu. "Du laboratoire informatique de l’université de Washington au siège de l’entreprise MITS, où il lui arrive de dormir par terre, le jeune homme consacre l’essentiel de son temps à l’informatique", écrivent nos confrères de Point de Vue. À cette époque, il n’a qu’une obsession : comprendre, inventer, perfectionner. Pendant que d’autres étudiants sortent ou dorment, lui programme des emplois du temps, des logiciels de paie ou des outils d’analyse du trafic routier avec son Lakeside Programming Group. Le travail n’est pas une corvée, mais une façon d’exister.
En 1975, avec son ami Paul Allen, il met au point une version du langage Basic pour le tout premier ordinateur personnel, l’Altair. C’est la naissance de Microsoft - contraction de "micro-ordinateurs" et "logiciel" en anglais. Une aventure qui commence à deux, dans un bureau sans confort, mais avec une ambition colossale : faire entrer l’informatique dans chaque foyer. Les nuits blanches se succèdent, mais Gates s’en moque. À 20 ans, il sait déjà que le monde appartient à ceux... qui ne dorment pas.
Cinquante ans plus tard, rien n’a vraiment changé. Gates reste un bourreau de travail. Sa fortune, estimée à 105 milliards de dollars selon Forbes, ne lui a pas donné le goût de la paresse. Toujours méthodique, il planifie ses journées à la minute près et continue d’enchaîner réunions, conférences et projets philanthropiques avec la même intensité que lorsqu’il codait jusqu’à l’aube.
Le milliardaire est convaincu que le travail doit servir une cause plus grande. En 2010, avec Warren Buffett, il a fondé The Giving Pledge, un mouvement incitant les ultra-riches à léguer la majeure partie de leur fortune à des organisations caritatives. En commençant par lui-même : ses trois enfants, Jennifer (28 ans), Rory (23 ans) et Phoebe (22 ans), n’hériteront chacun "que" de 10 millions de dollars. Une somme dérisoire face à son empire, mais il assume. "Leur léguer davantage aurait été une erreur", a-t-il tranché. Le reste ira à la Fondation Bill & Melinda Gates, qu’il continue de diriger.
Divorcé depuis 2021 après vingt-sept ans de mariage, Gates n’a pas ralenti. Au contraire. Ces dernières années, il a multiplié les transferts d’actions à son ex-femme, Melinda French Gates, qui poursuit sa propre route philanthropique avec la création de Pivotal Philanthropies. En mai dernier, elle annonçait un engagement d’un milliard de dollars pour les droits des femmes. Bill, lui, reste concentré sur la santé mondiale, la vaccination et la lutte contre le changement climatique.
Celui chez qui certains voient un dragueur notoire a beau reconnaître que son divorce est "l’erreur qu’il regrette le plus", il ne semble pas prêt à s’arrêter. Il continue de lire des centaines de pages par jour, d’écrire, de débattre, de planifier. Chez lui, la fatigue est tout sauf un obstacle. À 69 ans, il garde la même curiosité qu’à 20, le même besoin d’apprendre, d’expérimenter, de comprendre.

player2