Annoncé pour 2026, le film Gisèle, réalisé par Lauriane Escaffre et Yvo Muller, entend retracer le combat de Gisèle Halimi pour le droit à l’avortement et l’émancipation des femmes. Mais avant même sa sortie, c’est le choix de son interprète principale qui enflamme les réseaux sociaux. Charlotte Gainsbourg, qui incarne l’avocate décédée en 2020, est accusée par certains de trahir l’esprit de son personnage.
La cause ? La signature aux côtés d’intellectuels comme Bernard-Henri Lévy ou Philippe Torreton, une tribune appelant à conditionner la reconnaissance d’un État palestinien à la libération des otages et au démantèlement du Hamas. Pour une partie de la gauche radicale, cette prise de position est inconciliable avec la mémoire de Gisèle Halimi, soutien affiché du peuple palestinien.
Une pétition a été lancée en ligne dénonçant une "incarnation falsifiée" du personnage, tandis que Rima Hassan, eurodéputée LFI, s’indigne publiquement de ce qu’elle considère comme une "trahison politique". Dans le sillage de cette controverse, Serge Halimi, fils de l’avocate et ancien directeur du Monde diplomatique, a jugé dans Blast que sa mère "aurait lu cette tribune avec dégoût" relate un article du Monde.
La polémique révèle un malaise plus large : jusqu’où les convictions d’un artiste doivent-elles conditionner son droit à jouer un rôle ? Pour de nombreux observateurs, confondre l’actrice et le personnage revient à nier l’essence même du métier. Le journaliste Michel Guerrin, dans Le Monde, déplore que l’on "réduise une actrice à l’idée qu’on se fait du personnage", rappelant que le cinéma repose justement sur l’interprétation et la distance entre réalité et fiction.
Jean-Yves Halimi, autre fils de l’avocate, a d’ailleurs pris la défense de la comédienne de 54 ans : "On ne demande pas à un comédien de partager tous les engagements du personnage public qu’il interprète, mais d’incarner son rôle le mieux possible." Restée silencieuse durant plusieurs jours, l’actrice a fini par réagir avec sobriété.
La compagne de Yvan Attal a partagé sur Instagram un message de soutien signé Tristane Banon : "Charlotte Gainsbourg est une grande actrice. Et une chanteuse merveilleuse. Parce qu’elle est une grande actrice, peu importe de savoir si elle porte les mêmes idées que les personnages dont elle endosse les rôles. C’est ça, être acteur, se mettre dans la peau d’un autre. Je ne crois pas qu’Anthony Hopkins, qui fut Hitler dans The Bunker en 81, soit un nazi véritable. Scoop !" En légende, la comédienne s’est contentée d’un sobre "Merci Tristane".
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